Quoi de mieux que de célébrer la fête des amoureux en réalisant un sympathique petit concours ? Et pas n’importe quel type de concours ! Cette année nous avons eu droit à une nouvelle édition de concours en duo.
Le principe ? Trouver un membre avec qui travailler, l’un s’occupe de la réalisation du texte, tandis que l’autre s’occuper de l’illustration.
Le thème : “Vous avez décidé de partir faire un séjour dans la magnifique contrée d’Elonia. A bord du bateau volant qui vous y emmène, vous rencontrez la créature idéale. Vous en êtes sûr, c’est votre âme soeur. Racontez-nous votre séjour ensemble.”
Vous avez été nombreux à participer, et oui tout de même 33 participations (duo texte/dessin)
Ce qu’il y avait à gagner :
- 1er : Une créature au choix (hors unique et shop) et 25 Joyaux
- 2éme et 3éme : Une créature au choix (hors unique, shop et mystique 2010) et 20 Joyaux
- 4éme à 10 éme : Une créature au choix (hors unique, shop et mystique 2010)
- Tous les participants reçoivent le fond <<Rêverie d’Elonia>>
Si vous désirez lire les textes de tous les participants, venez ICI , pour les dessins certains membres l’ont posté dans leur galerie
1ére place : Stramoine et Estellou222
A celle qui, d’entre toutes, est la plus belle. Celle dont la beauté ternie l’éclat des étoiles.
Siara, cette lettre est pour toi.
Je me doute qu’en te levant ce matin, tu as dû être surprise de ne pas me trouver à tes côtés. C’est tout à fait normal. Malheureusement, je ne peux pas rester. Ce n’est absolument pas contre toi ma belle, au contraire. C’est parce que je t’aime que je ne peux pas rester. Oui Siara, je t’aime. Et devoir te quitter me fend le cœur. Enfin, il pourrait se fendre si tu ne me l’avais pas volé au cours de ce voyage…
Mais reprenons dans l’ordre. Il y a énormément de choses que tu ignores à mon sujet. Ou plutôt, tu crois connaître des choses qui sont en réalité des mensonges. A l’image de ma vie. Je n’ai été honnête qu’une seule et unique fois, quand je t’ai avoué mes sentiments.
Dis-moi Siara, tu te souviens comment nous nous sommes rencontré? Suis-je bête, bien sûr que tu t’en souviens. Après tout cela ne fait que quelques jours. Cependant, cet événement, nous l’avons vécu bien différemment. Alors laisse-moi te raconter ma version.
Pour fêter le commencement de notre voyage, l’équipage a décidé de faire un bal. Il faut savoir que je n’aime pas les bals. Mais ce genre d’événement est parfait pour moi. Je peux me permettre de voler en toute impunité après avoir dérobé des clés de chambres. Et oui Siara, je suis un voleur. J’ai arrêté de compter mes méfaits. Cependant, je ne me suis jamais fait arrêter et je compte bien faire en sorte que cela continue ainsi. Même si tu donnes cette lettre aux autorités – et j’espère sincèrement que tu ne le feras pas – ils ne pourront pas me rattacher à quoi que ce soit. Bref, reprenons notre histoire. Ce soir-là, j’étais à la recherche d’une nouvelle victime à dépouiller. Ce soir-là, j’étais d’humeur joueuse. Ce soir-là, c’est tombé sur toi, pour mon plus grand bonheur. Uniquement parce qu’un autre te tournait autour. Il n’avait aucune chance le pauvre et ça se voyait. Pourtant, il insistait. Alors je me suis dit que je pouvais faire d’une pierre deux coups et je suis venu à ta rescousse. Le temps de quelques instants, j’enfilais un costume de prince. Ou de héros, au choix. Tu te souviens des premières paroles que je t’ai dit ? ”Excuse-moi de t’avoir fait attendre ma chérie.” Je ne savais pas, à ce moment-là, que c’était moi qui t’avais attendu et ce depuis ma naissance. L’autre n’a pas insisté un seul instant. Et je suis resté. A fond dans mon rôle, je me suis excusé de mon attitude. Mais tu semblais tellement dans le besoin. Pour me faire pardonner, je t’ai proposé de m’accompagner sur le pont. J’ai bien vu que n’était pas complètement à l’aise, mais l’idée t’a plu, puisque tu m’as suivi… Sur le chemin, je te suivais, légèrement derrière toi. J’en ai profité pour prendre une fleur, pour te faire une surprise. Sur le pont, je t’ai proposé une danse. Tu étais tellement adorable à être surprise ainsi de ma proposition. Trop mignon. Vraiment. C’est exactement à ce moment-là que mon cœur a commencé à flancher sans que je ne le sache. Le temps d’une danse, je t’ai fait la cour. Je pense que je ne t’ai jamais vu aussi gênée que pendant cette danse. Mais en même temps… Je crois qu’elle t’a plu. Énormément. Sinon, pourquoi avoir accepté de me revoir ? Et puis, je pense que tu étais un peu flattée, aussi. Corrige-moi si je me trompe surtout… Cette soirée et cette danse étaient merveilleuses. Jamais je ne m’étais autant amusé. Alors, merci. Merci pour cette soirée. Et pour les suivantes. Plus on avançait, mieux elles étaient. Jusqu’à l’apothéose. Hier.
Toute la journée, je t’ai kidnappée. Après tout, tu ne le savais pas, mais c’était notre dernière journée ensemble. Enfin peut-être t’en doutais-tu, comme aujourd’hui est la journée de notre arrivée. C’est pour ça que je voulais rendre hier inoubliable. C’est pour cela que j’ai passé toute la journée avec toi, l’air de rien, comme toutes les autres auparavant. L’idée était de rendre la soirée extraordinaire. Après tout, j’avais prévu le grand jeu. Quand dix-neuf heures a sonné, je t’ai amené dans la salle de réception, où je m’étais arrangé avec les serveurs pour réserver et arranger un endroit tout à ton honneur. Un petit coin coupé du reste de la salle par des palissades recouvertes de lierres et de roses, de la même espèce que celles que je t’ai offertes lors de notre première soirée ensemble. Des roses couleur passion, témoignant de mes sentiments pour toi. J’ai vu tes yeux briller de milliers de petites étoiles et je les ai trouvés bien plus beau que n’importe quelle pierre précieuse que j’avais pu dérober jusqu’à présent. Et seulement pour cela, j’étais heureux. Pour la première fois, j’étais heureux, non pas pour moi, mais pour un autre. Pour toi. Et ce bonheur n’a cessé de s’amplifier au fur et à mesure de la soirée, quand bien même il se teintait de tristesse en même temps. J’avais commandé tous ces plats que tu aimes tant. Le temps d’un soir, je voulais faire de toi ma princesse. Ma reine. Te faire comprendre à quel point tu comptais pour moi, non pas par des mots, mais par des gestes. Les mots ont toujours été des armes pour moi, alors que les gestes… Les gestes sont bien plus sincères. Bien plus difficile à manier et à cacher. C’est pour ça que je voulais faire tout ceci pour toi. Le repas et la suite. Se poser sous les étoiles, avec toi et admirer le ciel, dans un mot. Contempler ce spectacle unique, mais rendu fade part ta présence et ta beauté. Et nous sommes restés là, silencieux, l’un contre l’autre, jusqu’à ce que tu t’endormes et que j’écrive cette lettre à la lueur de la lune et de ses petites compagnes.
C’est stupide de raconter tout cela alors que ça vient de se passer, hein… ? Mais je sais que tu garderas cette lettre. Que tu la reliras. Et que tu te souviendras encore et encore de cet instant dans les moindres détails. Quand tu te lèveras, je ne serais plus là. Comme je te l’ai dit, il est temps de se quitter. Tu sais tout de moi et tu as dû comprendre que rester avec moi ne t’apporterait que des problèmes. Graves. Tu deviendrais une fugitive. Et je ne peux pas t’imposer cela, par égard pour les sentiments que tu me portes. Et ceux que je te porte. Je t’aime Siara et c’est parce que je t’aime que je dois te quitter. Je t’aime et j’espère que nos chemins seront amenés à se croiser à nouveau. Ou non. Te quitter une nouvelle fois me briserait à nouveau le cœur. En attendant, pour que tu ne m’oublies pas, je te laisse ce collier. Les pierres qui le composent me rappelle le ciel étoilé que nous avons admiré ensemble, celui que j’ai trouvé dans tes yeux lors de notre première rencontre. De même, je me suis permis de te voler une rose, que je chérirai comme mon bien le plus précieux, pour ne jamais t’oublier.
Finalement, je t’aurais volé comme toutes les autres. Mais tu seras la seule à avoir réussi à me dérober quelque chose en retour. Prend bien soin de mon cœur, ma princesse, pour le jour où je viendrai le reprendre.
Je t’aime et je t’embrasse,
Lord Nao, celui qui t’aimera à jamais.
2éme Place : Ombre et Clem022 / Eliane et Nazca, ex aequo
Le texte d’Ombre a été hébergé pour sa longueur, vous pouvez le télécharger ici (A ouvrir avec Word ou OpenOffice)
Texte d’Eliane :
Les personnages sont les suivants :
« Levez l’ancre ! »
Elegy écouta les aerins s’agiter pour accomplir la manœuvre permettant au bateau volant de s’élever. La Rose des Cieux s’apprêtait à quitter Bismarh, capitale de Renarhim, pour retourner à son port d’attache d’Elonia. C’était un long voyage, qui prendrait des jours même avec son unique escale en Aquahana, mais la Rose l’avait déjà accompli bien des fois.
Le navire commença à s’élever lentement. Le spectacle était magnifique, car la lumière du Soleil, qui peinait à arriver en Renarhim devenait plus intense à mesure que l’horizon apparaissait. La plupart des passagers le regardait avec admiration, échangeant des murmures ravis.
L’un d’entre eux l’observait en silence, solitaire. Le Minousha n’avait encore jamais quitté Renarhim, bien qu’il ait largement parcouru les Terres Obscures. La lumière croissante était tellement différente de celle qui perçait à peine les ombres de son village natal, loin dans la région des grottes d’Oros. On pouvait en effet presque deviner la lumineuse Aydo’h au-delà de l’horizon. Peut-être ses pas l’y conduiraient-ils un jour. Mais pour l’instant, il avait à faire en Elonia.
Le Minousha s’attarda un moment à la rambarde du pont principal, ses pensées perdues vers l’horizon qui l’attendait. Puis, alors que les reliefs de Renarhim disparaissaient lentement derrière eux, il se retira dans sa cabine.
Les jours passèrent. La Rose des Cieux survola la mer d’Astaliarh, puis franchit le détroit d’Iscath pour entrer au-dessus de la mer de Lismarin.
Le Minousha de Renarhim avait pris l’habitude de s’installer légèrement à l’écart de la proue, sur une sorte de petite terrasse-balcon, à l’écart du va-et-vient des autres passagers. Là, il passait la journée à étudier de vieux livres, levant parfois le museau pour s’égarer un instant dans la contemplation du ciel qui l’entourait. Ce jour-là ne faisait pas exception, et de nombreuses pages avaient déjà été tournées avant que le soleil ne soit haut dans le ciel.
– Quoi de mieux que le calme des cieux pour lire ?
Le Minousha sursauta en entendant une voix s’élever doucement près de lui. Il leva brusquement la tête, réajustant sur son nez ses lunettes qui avaient glissé dans le mouvement. Une Minousha ailée au pelage bleu pâle se tenait à quelques pas, souriant légèrement.
– Pardon, je ne voulais pas vous faire peur.
Il secoua la tête. Ce n’était pas de sa faute si lui était plongé dans ses livres au point de ne pas l’entendre approcher.
– Je m’appelle Elegy, se présenta la Minousha.
– Sprahda, répondit-il, avant de replonger le museau dans sa lecture.
– De quoi parle-t-il ?
Sprahda releva la tête, interloqué, avant de comprendre qu’elle parlait de son livre.
– Oh, c’est un vieil ouvrage sur l’histoire de Renarhim, plus précisément de la région d’où je viens, près des grottes d’Oros. Il décrit notamment des légendes sur l’origine des clans qui y vivent. J’y cherche des informations sur le passé du mien. Je pense que certains passages décrivent un lieu en Elonia, c’est pour ça que je vais là-bas.
– Vous cherchez donc quelles sont vos origines…
Le Minousha la regarda, surpris. Le ton mélancolique avec lequel elle avait prononcé ces mots l’avait coupé net dans son élan pour lui raconter tout ce qu’il avait déjà trouvé et les hypothèses qu’il avait été amené à formuler lors de ses recherches en Renarhim. Un étrange silence flotta quelques instants, avant qu’Elegy, dont le regard s’était perdu à l’horizon, ne secoue la tête et se tourne à nouveau vers lui.
– Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous interrompre.
Elle fit volte-face, et disparut aussi silencieusement qu’elle était venue. Il observa un moment l’endroit où elle s’était tenue, perplexe, avant de secouer la tête et de se remettre à sa lecture. La nuit tomba sans que la Minousha ne reparaisse, et le Renarhien se retira sans y repenser.
Quelques jours passèrent, durant lesquels Elegy demeura invisible. Sprahda oublia vite l’incident, absorbé par ses recherches. Pourtant, quelques temps après, il eut la surprise en levant le museau de son livre de tomber sur la Minousha, face à lui, qui l’observait. Il cligna des yeux plusieurs fois, incapable de trouver quelque chose à dire. Il n’avait jamais été doué pour parler d’autre chose que de ses recherches, encore moins pour interpeller quelqu’un.
– Je voulais m’excuser pour l’autre jour, finit par déclarer la Minousha.
Sprahda marmonna un vague « Ce n’est rien », puis tenta de retourner à sa lecture. Mais la présence de la Minousha le dérangeait : que voulait-elle ?
– Pourriez-vous me raconter l’histoire de vos recherches ?
Le félin hocha la tête, le regard scintillant d’intérêt. Voilà un sujet dont il savait quoi dire. Il lui commença par lui raconter d’où il venait. Son village natal s’appelait Bafaalcheron, et abritait le clan Jinougaru, dont il faisait lui-même partie. Mais ses membres étaient destinés à devenir des assassins ou des voleurs, et il n’était guère intéressé par ce futur. A force d’errer dans le village, il avait fini par tomber sur de vieilles ruines. Pris de passion pour leur étude, il avait découvert que l’origine de son clan remontait à bien plus loin que ce qu’il pensait. Il avait donc décidé de partir afin de continuer ses recherches à travers le monde. Réunissant toutes les traces qu’il pensait évoquer son clan qu’il pouvait trouver, il avait fini par remarquer que plusieurs d’entre elles semblaient décrire un endroit d’Elonia. Il tendit son livre vers la Minousha pour lui indiquer l’un des passages dont il parlait.
– Je… Je ne peux pas le lire, répondit Elegy secouant la tête d’un air gêné. Je… Je suis aveugle.
Sprahda resta interloqué, ne sachant quoi répondre. Il n’avait même pas remarqué. Elle sourit en secouant la tête.
– C’est pour ça que je suis tant curieuse du monde. Je n’ai jamais quitté ce bateau. Même si j’aimerais tant pouvoir partir à la recherche de mes origines…
Le Minousha l’observa un moment, silencieux. Elle n’avait jamais quitté ce bateau… Il savait ce que c’était d’être enfermé quelque part, lui-même ayant eu ce sentiment avant de quitter Bafaalcheron pour approfondir ses recherches. Mais elle n’avait pas la possibilité de partir chercher ce qu’elle souhaitait. Il redressa ses lunettes sur son nez, mal à l’aise.
– Euh… S-Si tu veux, tu peux, euh, r-revenir pour que je te raconte ce que j’ai trouvé sur mon clan… Ce qu’il y a dans ces livres…
Le regard vide d’Elegy s’éclaira.
– Volontiers ! Merci beaucoup.
Ainsi les jours passèrent. Elegy prit l’habitude de rejoindre Sprahda chaque après-midi, et il prit l’habitude de lui raconter ce qu’il avait découvert. Et lorsque que le Minousha eut épuisé les histoires de son passé, ils étudièrent ensemble les textes qu’il lui restait, réfléchissant à de nouvelles possibilités.
Mais tout voyage a une fin, et celui de la Rose des Cieux approchait. Bientôt, le navire atteindrait sa destination, et Sprahda repartirait à la recherche de ses origines. Et Elegy ne pourrait que sentir son foyer flottant voguer vers les mêmes trajets qu’elle connaissait par cœur, loin de son rêve. Elle ne pouvait que souhaiter au Renarhien de réussir là où elle ne le pouvait.
La veille de leur arrivée à Venturin, les deux Minoushas s’attardèrent à leur réunion habituelle. La nuit tomba doucement, accompagnée par le silence progressif d’Elegy. Elle ne voulait pas y penser, mais la compagnie de Sprahda lui manquerait. Il y avait longtemps qu’un voyage n’était passé aussi vite. Ni été aussi agréable.
– Elegy, je… Tu sais, il y a une histoire qui n’a pas encore été racontée.
La Minousha tourna la tête vers Sprahda, interrogative. Une histoire qui n’avait pas encore été racontée ? Il lui en avait déjà raconté tant !
– La tienne… Tu… Tu ne m’as jamais raconté ton histoire.
Elle sourit faiblement.
– Je… Il n’y a rien à raconter. J’ai toujours vécu sur ce bateau. Je… Je n’ai jamais connu mes vrais parents. La seule chose qu’ils m’aient laissée est ce pendentif, mais il ne peut me dire qui ils sont…
Elle tira la chaînette qui entourait son cou pour dévoiler un pendentif argenté, qu’elle tendit à Sprahda. Il représentait une paire d’ailes finement ouvragées, encadrant une perle bleutée.
– Je sais qu’il est bleu et argent, semblable à mon pelage, même si j’ignore à quoi cela ressemble. Mais il ne contient aucun emblème, aucune marque qui me permette d’en connaître l’origine. J’ai déjà demandé au capitaine.
Le Minousha l’observa un moment, silencieux.
– Pourtant, il y a bien quelque chose sur la perle.
Elle leva la tête vers lui, surprise.
– Mais…
– Puis-je la voir ?
Elle acquiesça lentement, puis lui tendit le pendentif. Il le prit délicatement, et l’étudia quelques instants.
– On dirait qu’il n’apparaît que dans l’obscurité… C’est probablement pour ça que personne ne l’avait vu. … Je ne reconnais pas ces marques, mais elles doivent être importantes pour être ainsi dissimulées.
La surprise de la Minousha fit place à la joie. Elle avait finalement une piste sur ses origines ! Mais son enthousiasme retomba vite.
– Je ne peux ni les voir ni les sentir… Je suppose que je ne pourrais jamais chercher d’où elles viennent…
Elle détourna la tête, brisée.
Sprahda réajusta ses lunettes, peiné. Elegy… Elle était comme lui, au fond. Elle ne souhaitait que connaître le monde et son passé. Mais si lui avait réussi à partir rechercher des réponses, elle était comme enchaînée par sa cécité. Et… Quel était ce sentiment étrange qu’il avait ? Est-ce qu’il… Appréciait sa présence ? Ses recherches sur le bateau l’avait rendu heureux, mais c’était parce qu’il avait une piste à suivre en Elonia, n’est-ce pas ? Il bafouilla, cherchant ses mots.
– Je… Euh… Est-ce que ça te dirait de, euh… V-Venir avec moi ? On pourrait… Chercher nos origines… E-Ensemble ?
Pourquoi avait-il fait une proposition pareille ? C’était comme si… Sa voix avait parlé avant son esprit. Et pourquoi viendrait-elle avec lui ? Et… Pourquoi se surprenait-il à espérer que oui ?
Elegy leva vers lui un visage où se mêlait joie, incrédulité et espoir. Lui avait-il vraiment proposé ce qu’elle avait entendu ? Elle qui pensait qu’il ne se souciait que de ses recherches, il lui avait proposé… de l’aider ? De… Partir avec lui ? Elle sentit une larme couler le long de sa joue. Non seulement elle pourrait partir à la découverte du monde et de ses origines, mais en plus… Avec lui. Elle acquiesça, souriante.
– Je n’aurais pas de souhait plus cher.
Ainsi, alors que le jour se levait, éclairant Elonia de douces lueurs rosées, la Rose des Cieux atteignit son port d’attache de Venturin, et le Soleil éclaira le chemin non pas d’un, mais de deux Minoushas, à la recherche de leurs origines, mais qui trouvèrent un futur qu’ils n’attendaient pas dans leur quête du passé. Un avenir s’écrivant à deux.
3éme Place : Eliya et Cats
Tsia songeait en regardant le soleil se coucher sur l’horizon, projetant une myriade d’ombres et de lumières sur la terre qui s’éloignait peu à peu. Qu’est-ce qui l’attendrait à Elonia ? Une vie meilleure ? Le bonheur ? Non. Seulement un avenir.
Le bateau volant qui l’emmenait vers sa destination flottait doucement dans la brise légère, s’élevant dans les nuages en direction de l’île suspendue d’Elonia. Sa progression était d’une fluidité infinie, faisant à peine ressentir aux passagers un vague roulis au gré des courants d’air.
Perdue dans ses pensées, elle ne sentit pas une présence s’approcher dans son dos. Aussi, elle sursauta en entendant une voix timide l’interpeller : « Quelque chose ne va pas ? ».
Elle pivota pour faire face à son interlocuteur. Un Tohilys mâle, avec des écailles d’un inhabituel bordeaux. Ses yeux d’un bleu profond s’accordaient admirablement avec les plumes blanches qui ornaient sa tête.
Tsia fut surprise de ce physique si particulier. Mais elle ne s’appesantit pas plus longuement, ne souhaitant pas passer pour une impolie à dévisager un inconnu. La seule chose qu’elle parvient cependant à répondre fut : « Je vous demande pardon ? ».
A sa grande surprise, le Tohilys rougit. Il bafouilla « Oh, pardon, excusez-moi, je ne voulais pas vous importuner… Mais il m’a semblé que vous étiez triste, alors, je voulais m’assurer que tout allais bien… ».
Tsia s’aperçut qu’une larme avait coulé sur sa joue sans qu’elle s’en rende compte. Elle l’essuya discrètement et secoua la tête. « Ça va aller, merci », répondit-elle d’un ton qu’elle espérait assuré.
L’inconnu ne fut pas dupe, aussi, il se risqua à continuer la conversation sur un ton plus léger :
– C’est la première fois que vous venez à Elonia ?
– Oui, exactement.
– Vous avez raison de venir dans cette contrée, c’est l’une des plus belles de notre monde. En plus cette saison est la plus touristique, les vents sont doux et chauds…
– Je ne viens pas pour faire du tourisme… l’interrompit Tsia.
L’autre Tohilys prit un air surpris.
Tsia n’était pas réellement du genre à confier sa vie au premier venu, et la dernière chose dont elle avait envie en ce moment difficile était le bavardage incessant qu’un inconnu importun rencontré au hasard sur na navette qui la conduisait à Elonia. Cependant, quelque chose en lui paraissait rassurant. Il ne semblait pas s’intéresser à elle par un genre de curiosité malsaine et déplacée. Au contraire, ses yeux brillaient de gentillesse et de sensibilité. Aussi, elle se décida à continuer dans un soupir :
– En réalité, je suis originaire de Renarhim. Mais depuis quelques temps, je ne supportais plus ma famille. Ils avaient décidé d’un avenir tout tracé pour moi… et j’ai refusé de suivre ce chemin. Je ne supportais plus de m’entendre dicter ce que je devais faire, ou dire, ou comment je devais me comporter… Alors le jour ou mes parents ont décidé d’essayer de me marier, j’ai préféré fuir. Je veux décider de mon destin et faire mes choix seule. Quitte à faire des erreurs, je veux être libre et ne dépendre de personne.
Le Tohilys mâle avait écouté son récit avec beaucoup d’attention. Ses traits trahissaient une sincère compassion. Mais quelle que fut sa réaction, il ne laissa rien apparaître d’autre qu’un grand sourire bienveillant :
– Je comprends tout à fait. Ça ne doit pas être facile de quitter tout son environnement du jour au lendemain pour une contrée inconnue…
– C’était mon choix, et je ne le regrette pas. J’ai mûrement réfléchi.
– En ce cas, je peux vous proposer d’être votre guide pour découvrir la merveilleuse contrée d’Elonia, ajouta-t-il sans cesser de sourire. Et, au fait, je m’appelle Sweet Love.
Tsia ne sut quoi répondre, elle hésita un instant. Elle n’avait pas tellement envie d’être obligée de suivre Sweet Love et de devoir en dépendre. Elle réfléchit également qu’il lui faudrait sans doute se faire de nouveaux amis, et qu’elle ne connaissait absolument pas Elonia.
Son regard s’attarda un instant sur les yeux de Sweet Love. D’un bleu infini… Quelque chose lui plaisait en lui mais elle n’aurait su dire quoi. Il paraissait sincère, gentil, mais aussi poli et bien élevé. Alors elle s’entendit répondre spontanément : « C’est d’accord, merci beaucoup, c’est très gentil. ».
Sweet Love émit un rire gentiment moqueur : « Et, comment puis-je vous appeler ? »
Tsia rougit en réalisant que, malgré ses confidences, elle avait oublié de se présenter. « Mon nom est Tsia », répondit-elle simplement.
La suite du voyage se déroula tranquillement. Tsia admirait les paysages merveilleux qu’elle voyait défiler, penchée par-dessus la rambarde du bateau qui conduisait tous les voyageurs au port suspendu d’Elonia. La navette fendait les nuages, s’élevant toujours plus haut, dépassant au fur et à mesure les îles les plus basses. Le soleil couchant projetait une lumière magnifique sur la brume légère, qui se faisait plus épaisse par endroits.
Sweet Love lui raconta lui aussi son histoire. Originaire d’Elonia, il avait été rendre visite à un vieil ami Stoufix qui vivait dans la contrée de Sandisia. Après avoir passé quelques temps à visiter la contrée, il était heureux de rentrer chez lui et de retrouver ses amis.
Tsia se surprit à trouver sa compagnie très agréable. Sweet Love était très cultivé, et il était avide de voyages et de découvertes. Il affichait un air rêveur et semblait émerveillé de tout ce qu’il avait pu voir dans les contrées voisines qu’il avait déjà visitées.
Au bout d’un temps qui parut étonnamment court aux deux Tohilys, la navette volante finit par accoster sur l’île portuaire d’Elonia. L’animation de la ville était palpable, et Tsia admira le va-et-vient des navettes qui arrivaient ou repartaient sans cesse, principal moyen de déplacement entre les îles volantes et vers les autres contrées de Gothicat.
Elle emprunta à la suite de son guide un pont de cordes qui avait été tendu entre le pont du bateau et la terre ferme de l’île flottante.
Tsia commença à onduler sur la terre, bien heureuse de se dégourdir un peu les écailles, et se heurta à un immense et imposant Flamiris qui lui barrait le passage. Celui-ci s’adressa à elle sur un ton grave et autoritaire :
– Vous avez un laissez-passer ?
– Euh… non… je ne crois pas, bafouilla Tsia, un peu surprise.
– C’est pourtant nécessaire pour rentrer en terre d’Elonia. Il paraît que les Ombres sont de retour et cherchent à parasiter notre monde, alors nous ne tenons pas à les voir rentrer sur notre belle contrée, compris ?
– Du calme, Shamrock, ne t’inquiète pas, cette demoiselle voyage avec moi, intervint Sweet Love. Il n’y a pas de crainte à avoir, si elle faisait partie du clan des Ombres je m’en serais aperçu tout de suite, reprit-il sans se départir de son calme ni de son sourire.
Le Flamiris se radoucit aussitôt. Il semblait bien connaître Sweet Love, et parut décidé à lui faire confiance. Il se fendit d’un large sourire dévoilant une dentition très inégale.
– Ah, mais dans ce cas c’est différent ! Bienvenue à Elonia, la contrée la plus libre et la plus magique de tout Gothicat ! Et pardonnez-moi ma brusquerie, vous savez, on est obligés de surveiller un peu les frontières et avec les Ombres, on n’est jamais trop prudent ! Profitez bien du séjour !
Tsia fut très étonnée de ce revirement de situation inattendu. Elle remercia chaleureusement son guide :
– Un grand merci à toi… euh, pardon, à vous… pour m’avoir sauvé la mise. J’aurais été bien embêtée s’il m’avait fallu repartir…
– Tu peux me tutoyer, ça ne me gêne pas. Et à présent, que dirais-tu de visiter la ville ?
Sweet Love aida Tsia à se frayer un chemin à travers la foule de voyageurs pressés descendant tout juste des navettes qui arrivaient. Le ballet des bateaux volants étaient continu. Puis, il la guida vers l’entrée de la ville, symbolisée par deux immenses portes de bois sculpté, au centre desquelles était gravé un nuage, symbolise historique et mythique de la contrée d’Elonia.
Les deux Tohilys passèrent la journée à flâner dans les rues de la ville flottante. Tsia ne cessait de s’émerveiller de toutes les choses qui n’existaient pas dans sa contrée natale. Elle découvrait des couleurs, des senteurs, qu’elle n’avait jamais connu auparavant, et qui ne cessaient de provoquer son étonnement perpétuel. De son côté, Sweet Love se révéla être un guide dévoué et très intéressant. Il connaissait bien la ville et l’ensemble de sa contrée, et paraissait très heureux d’avoir l’opportunité de la faire visiter, ponctuant son discours d’une foule d’anecdotes.
Tsia se surpris, elle qui se croyait éprise uniquement de la liberté, à ressentir un réel attachement pour son guide si sensible. Son petit côté timide lui conférait un charme fou, et elle ne voyait pas le temps passer en sa compagnie tellement il se montrait généreux et ouvert.
De son côté, Sweet Love eut immédiatement un coup de coeur pour celle jolie Tohilys qui n’avait pas eu une enfance très facile, écrasée par une famille trop pressante qui aurait voulu lui dicter un avenir qu’elle n’aurait pas choisi. Il aurait voulu la protéger où qu’elle aille, satisfaire au moindre de ses désirs et la faire sourire indéfiniment.
C’est ainsi que, très naturellement, après quelques jours passés l’un auprès de l’autre, tous deux décidèrent de ne plus se quitter. Malgré leurs caractères différents ils se complétaient parfaitement, et se rendaient heureux mutuellement de par leur simple présence.
Il faut croire que l’amour est partout et tient parfois seulement au hasard d’une rencontre, il faut juste choisir le bon bateau…
4éme Place : Gaki. et RIRICHOUX
Ténèbres.
Telle était la vision que Lord Draze se faisait des vallées sombres qu’il entrevoyait par l’ouverture de sa fenêtre. Habitant d’un haut manoir surplombant les terres stériles de la contrée de Renarhim, il était habitué à la noirceur du décor. Tellement habitué à cette dernière, qu’il n’avait jamais réalisé qu’elle avait aussi capturé son âme et son coeur. Terré dans sa solitude, il passait ses journées à contempler le néant. Son entourage participait avec tristesse à cette lente décadente d’un Djaalin aussi imminent que lui. Ils le regardaient sombrer dans les ténèbres sans oser l’en sortir. Depuis quand était-il ainsi ? Aussi vide d’esprits et de rêves et contemplant l’horizon sans une seule lumière dans ses yeux ? On raconte que cela viendrait d’une blessure d’amour survenue il y a maintenant des années. L’être si grand et fier qu’il est fut blessé dans son plus grand point faible :: son coeur. Une partie de son être était morte ce jour-là. S’il passe autant de temps perdu derrière la fenêtre de sa demeure, c’est qu’il cherche, guette et espère qu’au fond de lui, il finisse par trouver une lueur qui pourrait alimenter de nouveau la flamme de son coeur.
Cependant, un événement allait briser la monotonie de sa vie. Malgré la blessure profonde de son coeur, il devait répondre à ses obligations en tant que haut membre de la cour de Renarhim. Une missive était arrivé un beau matin l’informant qu’il devait se rendre au plus vite dans la contrée d’Elonia pour un dîner d’affaires au terme duquel, d’importants contrats seraient à négocier. Il ne pouvait pas décliner. Ce fut dans un long et profond soupir qu’il quitta son manoir et se dirigea lentement vers le bateau chargé de le conduire à destination. Son allure et sa prestance avaient pour conséquence d’imposer une ambiance pressante lorsqu’il se déplaçait. Son aura négative provoquait une certaine crainte chez les individus qu’il croisait. Son pelage noir s’accordait avec brio à la noirceur de Renarhim. Sa cape kaki ne faisait que l’assombrir un peu plus. Ses cernes faisaient ressortir avec puissance son regard sanglant, de quoi déstabiliser ceux qui osaient le croiser. Son apparence provoquait la crainte des autres âmes de Renarhim, crainte qui aboutissait à une forme de rejet du Djaalin ce qui n’arrangeait rien à sa solitude.
Prenant place à bord du bateau volant, son regard alla se perdre comme à son habitude dans la profondeur du panorama qui s’offrait à ces derniers. À mesure que le bateau prenait de la hauteur, le décor de Renarhim devait de plus en plus petit et de plus en plus insignifiant. Une seule gamme chromatique habillait le paysage :: celle du gris. Quittant lentement les plaines oubliées de Renarhim, le bateau se mit à survoler la mer qui séparait cette contrée de la suivante Aquahana. En raison de perturbations dans les courants aériens, le navire ne pouvait pas prendre son itinéraire habituel et devait faire un détour par cette contrée bleuâtre. Ce nouveau paysage frappa le Djaalin habitué aux noirceurs de sa contrée. De petites lueurs de curiosité naissaient lentement dans le fond de ses pupilles. Il commença à comprendre qu’il avait besoin de changer d’air. Ce voyage qu’il prenait initialement comme une corvée, il comprit que c’était le meilleur moment pour se ressourcer. Alors qu’il n’avait pas quitté son emplacement depuis le début du voyage, l’envie de se mouvoir parcourut l’ensemble de son corps.
C’est ainsi qu’il se mit à marcher le long du pont principal du navire, continuait de contempler ce nouveau paysage qui s’offrait à ses yeux. Ce fut ainsi également, qu’il la rencontra. A la simple vision de cette dernière, il s’était immobilisé. Un sentiment étrange avait parcouru l’échine de son dos. Alors qu’auparavant l’immensité du paysage occupait l’essentielle partie de son attention, cette dernière était dormais focalisée sur un seul élément :: un pelage d’une blancheur époustouflante contrastant pleinement avec la noirceur du sien. En un instant, Lord Draze réalisa qu’il venait de rencontrer son inverse. Il représentait les ténèbres et repoussait les autres, elle était lumineuse et attirait les regards. Lui-même venait de tomber dans les griffes de sa beauté. Complètement subjugué par cette dernière, il la fixa durant de longues minutes faisant preuve de grande impolitesse à l’égard de cette dame. Selon les règles de la noblesse de Renarhim, fixer une demoiselle de la sorte sans même décliner son identité était de très mauvais goût. Lui qui était d’habitude très à cheval sur les codes, le voilà entrain de se perdre complètement dans la lumière qu’il avait devant lui.
Cette indiscrétion de sa part ne fut pas sans conséquence. L’être qu’il ne cessait de fixer avait vite senti cette présence insistante. Doucement, elle avait tourné sa tête vers le Djaalin noir lui laissant entr’apercevoir son profond regard océanique dans lequel il se perdit une nouvelle fois. Il ne pouvait pas articuler le moindre mot tant aucun n’était pas assez puissant pour définir ce qu’il ressentait à l’instant présent. Tel un géant de cire qu’il était, il venait de rencontrer le soleil qui ferait fondre son masque de solitude. Elle le remarqua et durant une fraction de seconde, elle resta immobile. Fraction de seconde qui sembla être des heures pour le Djaalin. En sentiment de peur alla balayer toutes ses pensées. Sa crainte et sa solitude étaient une nouvelle fois entrain de le rattraper. Son coeur se serait dans sa poitrine. Allait-elle elle aussi, le rejeter ? Prenant peur, peur de lui-même le Djaalin au regard rougeâtre commençait à reculer et à détourner les yeux de ce soleil. La honte, la peur et la crainte du rejet venaient de posséder tous son corps. Il voulait fuir avant que l’autre ne fuit avant. Et pourtant, il fut interrompu dans sa fuite par une douce voix des plus mélodieuses.
« La vue est vraiment magnifique. J’ignorais qu’Aquahana était aussi beau. Regardez-moi ces fleuves et ces rivières. C’est un spectacle dont je ne pourrais me lasser. Cela change tellement de Renarhim. » Au lieu d’appuyer sur son impolitesse à la regarder sans décliner son identité, voilà qu’elle venait doucement d’engager la conversation. Voilà qu’elle venait de s’adresser à lui. En une phrase, elle venait de balayer toutes les craintes d’un Djaalin. En une phrase, elle venait de le conquérir complètement. « Veuillez m’excuser, je m’adresse à vous sans me présenter. Je me nomme Dame Atariel » dit-elle avant de pencher la tête en avant en signe de respect, laissant apercevoir ses ailes blanches de glaces. Elle s’excusait de son impolitesse sans relever celle dont le Djaalin avait fait preuve jusque-là. « C’est moi qui vous présente mes excuses. Je vous regarde depuis plusieurs minutes sans avoir pris la peine de me faire connaître. La lueur que vous dégagez m’a complètement ébloui. Je suis Lord Draze, madame. » dit-il en penchant à son tour la tête en guise de salutations. Un sourire flatté s’était arqué sur le visage de ladite Dame Atariel tandis qu’elle venait de baisser la tête pour dissimuler des soupçons de rougeurs.
« Je vous en prie Lord Draze, approchez-vous. De là où vous êtes, vous ne pouvez pas admirer la splendeur de la vue que nous offre ce mariage. » Elle se décale légèrement pour faire place à Draze à ses côtés, l’invitant d’un mouvement de tête respectueux à se rapprocher d’elle. « Je n’ai point besoin de m’approcher plus pour contempler cette beauté qui s’offre à mes yeux. » dit-il en avançant vers elle et uniquement vers elle. Il la regardait de nouveau et elle, elle le regardait également. Le silence s’installa entre les deux, laissant place à un dialogue de regard. Debout et laissant sa cape voler par-dessus son dos, le Djaalin était en train de la dévorer du regard tandis qu’elle, immobile et assise, elle le laissait faire sans dire le moindre mot. Le ciel commençait à se teinter d’une couleur rosâtre symbole que le soleil était entrain de se coucher. Rose, telle la couleur de l’amour. Rose, telle la couleur de la lumière qui émergeait de ces deux âmes. Draze en oubliait complètement ses démons du passé. La seule et unique chose qu’il désirait actuellement, c’est que ce moment dure à l’infini. Il ne voulait plus de cette solitude incessante, cette solitude qui l’enfermait dans une carapace intouchable. Il était tel un hérisson qui voulait perdre ses épines.
Malheureusement, le bateau volant prit la route de la descente. Rompant le dialogue de silence, Draze avait regardé par-dessus le point. Le paysage venait de changer une nouvelle fois. Ils étaient désormais entrain de survoler la vaste contrée d’Elonia. Bientôt, il allait devoir reprendre sa mission. Elle, elle allait surement partir à ses occupations. L’idée qu’il allait la quitter provoqua un pincement à son coeur. Il devait en savoir plus sur elle pour qu’une fois de retour à Renarhim, il puisse partir en quête de cette dernière. « Pardonnez mon indiscrétion, mais de quel coin de Renarhim êtes-vous originaire ? Et pour quelles raisons une dame de votre rang est-elle en déplacement sans la moindre compagnie ? ». Auprès d’elle, il se redécouvrait.
Depuis combien de temps ne s’était-il pas comporté de la sorte ? Depuis combien de temps n’avait-il pas désiré la présence d’une autre à ses côtés ? Le Lord qui sa mourrait dans se solitude sentait une le feu de son coeur reprendre du souffle. Il était hors de question que l’éteindre une nouvelle fois. Il avait trop attendu. « Je demeure au Sud de Bismarh. Dans la ville d’Harognas puis précisément. Si vous vous y rendez un jour, vous serez le bienvenu en ma demeure. Je suis actuellement en déplacement de … négociations. Je dois me rendre à un dîner au court duquel je dois négocier un contrat intéressant pour la cour de Renarhim, mais aussi ma famille. » Etait-ce le hasard ou simplement le destin ? Voilà que cette belle demoiselle se rendait exactement au même endroit que lui. Un petit rire amusé s’était aventuré en dehors de ses lèvres. Elle le regarda rire sans comprendre dans un premier instant, puis soudainement le visage d’Atariel s’était éclairci. Elle venait de comprendre. « Ne me dites pas que vous aussi ? Diantre alors ! Dois-je comprendre que nous serions rivaux ? » Dans un diner comme celui-ci, chaque famille allait tenter de gratter la part la plus intéressante du gâteau proposé dans les contrats. Il n’était pas rare de voir certains affrontements entre deux familles de la même contrée.
« Je doute d’être un bon adversaire face à vous. Il me suffit de vous voir pour déclarer forfait. Puisque nous nous rendons au même endroit, permettez-moi de vous y accompagner. Je ne pourrais accepter de voir une dame telle que vous seule sans la moindre escorte. » Petite ellipse de la part du Djaalin noir préférant sortir cette excuse plutôt que de lui avouer qu’il ne veut pas la quitter. Il se sentait tellement vivant à ses côtés qu’il se refusait de la perdre. Elle de son côté, appréciait sa compagnie et se refusait également de reconnaître que sa compagnie lui était plus que plaisante. Elle accepta avec plaisir cette invitation. A l’inverse de Lord qui était habitué à la solitude, cette dernière la repoussait au maximum. Elle aimait avoir une présence avec elle pour la rassurer. Lorsque le bateau volant prit ancre en la capitale de Levanos, Atariel et Draze prirent la route de leur rendez-vous d’affaires l’un à coté de l’autre. Sur le chemin, Lord n’avait pas cessé de glisser des mots doux à la belle Djaalin, faisant rougir cette dernière. Ils avaient beaucoup parlé, rigolé ensemble et firent encore plus connaissances l’un de l’autre. A mesure qu’ils se rapprochaient du lieu d’arrivée, ils devenaient de plus en plus intimes.
Les deux prirent part à ce fameux repas. Il y avait du monde. Des familles de toutes contrées et de toutes villes de ces dernières. Beaucoup parlaient d’affaires entre eux. Deux êtres étaient complètement à l’écart. Atariel et Draze profitaient pleinement de cette idylle naissante. Durant tous le repas, il n’avait d’yeux que pour elle et elle n’avait d’yeux que pour lui. Faisant une rétrospective de son passé, il réalisa l’immense chance qu’il eut de la rencontrer. Lui qui était si sombre, si seul, si repoussant, il venait de se redécouvrir. Il venait de retrouver la capacité d’aimer, de désirer et de vivre. Elle avait réussi à gratter et percer la carapace de son coeur, à réparer et faire oublier la blessure de ce dernier. Il était hors de question de retourner à cette monotonie qui rythmait son quotidien. Il était hors de question qu’à la fin du repas, il la laisse partir sans lui ouvrir son coeur. Il était persuadé que la déesse Sangorah était responsable de cette rencontre. Consciente de son mal-être, elle venait de lui mettre les clés en main pour renaître. Il était hors de question de passer à côté.
La prenant à part dans un endroit discret, il enfonça son regard rougeâtre dans le bleu azur de ses pupilles. On raconte que le regard était le miroir de l’âme, il espérait que de la sorte, elle puisse voir toute sa sincérité dans ses paroles. « Lady Atariel, je ne peux taire encore plus longtemps ce que je ressens depuis que je vous ai vu. Je ne saurais mettre les mots sur les sentiments qui se sont succédés en moi depuis que je suis près de vous. Sans le savoir, vous avez fait renaître en moi tant de choses. J’ai été durant trop longtemps à l’image de Renarhim :: ténébreux, solitaire et vide de tous rêves et de tous espoirs. Je ne peux continuer cette vie et votre rencontre me l’a fait réaliser. Pouvons-nous réellement qualifier cela d’une vie ? J’avais plus la sensation d’être mort qu’autre chose. En si peu de temps avec vous, j’ai ressenti ce qu’était la joie, le bonheur, l’envie. Je ne me suis jamais senti aussi bien. J’ai peur qu’en vous quittant, je sombre de nouveau dans la décadence. »
Sans laisser le temps à son interlocutrice de reprendre la parole, il se mit en position de supplication. « Je vous en prie, je vous en conjure. Promettez-moi que nous pourrons nous revoir. ». Silencieuse, la Djaalin au pelage blanchâtre s’était rapproché de lui. L’invitant à se relever, elle avait glissé sa tête contre l’épaule de son partenaire. D’une voix infiniment douce, elle fit taire les craintes du coeur de Draze. « Il est hors de question que je vous laisse seul. Je ne pourrais l’accepter et cela serait aller à l’encontre de mes propres sentiments ». Dans un léger murmure, elle glissa trois petits mots à l’oreille du Djaalin noir. Trois petits mots qui déclenchèrent chez Lord Draze un immense sourire de soulagement. Fermant les deux, il posa sa tête contre celle de sa compagne. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes, profitant pleinement de ce moment de douceur et de bonheur.
5éme place : Epis et Warda
Le soleil se lève doucement sur le monde de Gothicat, embrasant son ciel d’une braise flamboyante. Sandisia est encore profondément endormie et, dans la fraîcheur du petit jour, seuls quelques travailleurs de la terre sont déjà éveillés. Au sommet de la haute tour du port aérien de Duno, une djaalin esseulée contemple, époustouflée, l’astre d’Astisan gagner son combat et repousser les profondes ténèbres de la nuit.
Le blanc de son pelage rosit sous la caresse de l’aube, et Pandaar fixe, imperturbable, le plein est, vers Aydo’h, d’où semble naître les lueurs du jour. Ses oreilles noires sont toutes droites, trahissant son impatience de voir le ciel dégagé se teinter du bleu cristallin du petit matin. Quelques pas derrière elle, une lourde malle de bambou, astucieusement montée sur de petites pierres polies et sphériques, laisse supposer qu’elle s’apprête pour un long voyage.
Soudainement, quelque chose semble attirer son attention au cœur de l’enflammée matinale. Elle se redresse, déployant le pinceau de sa queue blanche, sa crinière noire volant autour, et revient prestement s’asseoir à côté de sa valise, ses yeux d’or, cernés de poils noirs, fixés sur ce qui émerge du panache rougeoyant de l’est.
Émerveillée, elle observe la magie en approche. Chevauchant le vent, sa coque d’un bois sombre s’embrase dans l’aube enflammée. Toutes voiles dehors, il vogue à travers le ciel, rattrapant le matin qui s’étend encore jusqu’à Sandisia. Ce spectacle ineffable comble le cœur de Pandaar d’une joie inexplicable. Face à la magie des dieux, une larme perle au coin de son œil, provoquée autant par l’éblouissement de l’aurore que par l’émotion d’assister à pareille vision.
Tandis que le navire s’approche, le soleil passe par-dessus ses voiles, sculptant sa silhouette d’un fin liseré d’or. Près d’une heure plus tard, Pandaar peut enfin distinguer des créatures à son bord, d’agiles pantins qui se balancent d’un mât à l’autre, pendant que derrière le bastingage d’autres créatures s’agitent, rassemblant la marchandise sur le pont. Pandaar ne peut qu’imaginer la fonction de chacun, pourtant la puissance de son esprit la projette à bord…
Le capitaine crie ses ordres, auxquels ses marins répondent d’un puissant cri. Les destrinos sortent de la cale les caisses les plus lourdes, tandis que, accrochés aux mâts, les habiles stoufix s’assurent que les voiles, bien tendues, les poussent dans la bonne direction. L’excitation est à son comble, le port est proche et, comme après chaque traversée, l’équipage, dans sa hâte de mettre patte à terre, rit et chante pour se donner la force d’accoster et de préparer le débarquement.
Une assourdissante corne de brume retentit, sortant Pandaar de son rêve éveillé. Le navire est sur le point de se mettre à quai. La manœuvre délicate s’exécute en douceur. Le voilier approche sa proue de la haute tour, et pivotant légèrement, vient se glisser le long de l’embarcadère. Bâti il y a plusieurs siècles et enchanté par les dieux pour rallier Elonia au reste du monde, son bois sombre s’est poli sous la caresse du vent, et brille dans la clarté matinale. A l’avant, en lettres d’or, est gravé son nom de baptême, sous lequel il vogue depuis tant d’années. Le Titan, essentiellement dédié au transport de marchandises, cache derrière ses trois grands mâts et ses quatre-vingt mètres de longueur de luxueuses cabines, très rarement utilisées.
Pandaar, ce jour-là, est la seule à attendre pour l’embarquement. Les marins jettent les aussières sur le quai, sur lequel quelques stoufix et fleetiwiks les ramassent pour les arrimer solidement aux bollards. Un frisson d’excitation parcoure son échine quand la passerelle vient s’écraser, dans un grand fracas, sur le sol à quelques pas devant elle. Toutes les voiles ont été affalées, et, dans toute sa fierté, le Titan se dresse au-dessus du vide.
~
“Allez matelots ! Loffez le vent, on y est presque !”
Les marins lui répondent à l’unisson, d’un puissant cri qui résonne à travers tout le navire. Du haut de la vigie jusqu’à la plus profonde cale, Nebulys sait que chacun de ses marins est à son poste pour les difficiles manœuvres qui les attendent. Lui aussi, capitaine, se tient prêt. Il a lâché la barre, et plongeant la godille dans l’aurore qui les porte, il dirige sereinement son bâtiment vers le port.
Doucement, le ciel bleuit au-dessus de l’équipage, et déjà quelques fleetiwiks se saisissent des drisses pour affaler la grande voile. Le bateau ralentit, poussé sur le ciel par le petit génois. Le port est désormais à une petite encablure, et un silence de plomb est tombé sur le navire. La dernière voile est doucement amenée, et seules la fraîcheur du matin et la dextérité du capitaine poussent le Titan pour accoster. D’un seul mouvement, la proue pivote, et le voilier se glisse le long du quai.
Le Titan et son équipage sont arrivés à bon port. Un cri de joie retentit lorsque le capitaine donne l’ordre d’abaisser la passerelle. Dans six heures, au prochain quart, tout devra être prêt pour reprendre le ciel, mais pour l’instant, les marins ne pensent qu’à poser les pattes sur le sol ferme. Après des semaines de voyage, tous espèrent débarquer suffisamment vite pour prendre le temps de flâner en ville. A qui ira chercher du pain frais, à qui retrouvera sa chère et tendre… La vie à bord est dure, mais aucun ne voudrait passer plus de temps à terre, car peu ont l’honneur d’être choisis pour participer aux voyages du Titan, et nul ne voudrait décevoir son capitaine.
Les matelots descendent du bateau un à un, ne laissant plus que le capitaine et quelques marins de permanence qui s’assurent du bon état général du matériel. Les dockers chargent et déchargent, soufflant, forçant, leurs puissants muscles roulant sous leurs poils. Bien que toute la marchandise soit hissée sur le pont avant le déchargement, c’est à eux d’arrimer la nouvelle cargaison avant le départ, sous l’œil exercé du maître d’équipage.
Le capitaine, lui, après avoir barré les deux derniers quarts, observe d’un œil amusé le capharnaüm provoqué par leur arrivée. Une chorégraphie insolite entre les solides destrinos qui tirent les lourdes charges pour les poser sur le quai, les petits stoufix qui grimpent sur les caisses pour en vérifier l’état et y trouver le bon de chargement avec le nom du propriétaire, et les employés des douanes qui valident avec les marchands la bonne qualité et la provenance de leurs produits.
Nebulys ne comprend rien à tout ça. Il sait prendre le vent, donner ses ordres, naviguer sous les étoiles, mais toutes ses paperasseries l’amusent, comme une farce. En contemplant le quai, il s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à sourire de cette activité. Une djaalin observe tranquillement les allées et venues sans queue ni tête des employés du port. Sous le soleil encore jeune, le blanc de son pelage, tressé de jeunes pousses de bambous, éblouit l’œil, contrastant avec le noir de ses oreilles et de sa queue. Ses yeux d’or, nichés dans un écrin de velours noir, étincellent d’impatience. Tout, du fier port de sa tête à la délicatesse de sa queue enroulée autour de ses pattes, rayonne d’une timide noblesse.
Saisissant sa cape, le capitaine descend sur le pont principal pour inviter cette mystérieuse voyageuse à embarquer.
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Pandaar est stupéfaite. Sur le quai, elle observe la merveilleuse logistique bien huilée qui régit l’arrivée d’un bâtiment aussi impressionnant. Un lunaris s’approche finalement d’elle. Une patte tendue devant lui, à la manière d’un destrinos, il la salue et l’invite à embarquer, se saisissant de sa malle entre ses crocs.
Elle découvre enfin, émerveillée, la majestueuse cabine dans laquelle elle passera les six prochains jours. Elle sourit en repensant au jeune lunaris qui, en l’installant, lui avait précisé que cette suite avait connu, par le passé, des reines et des princesses. Il s’était alors ressaisi de sa malle et, tentant de ne pas laisser paraître l’effort que cela lui demandait, l’avait traînée devant les lucarnes par lesquelles pénètre une douce lumière.
Debout devant son bagage, la belle djaalin se demande encore s’il l’avait entendue pouffer, lorsqu’il s’était laissé surprendre par le poids de sa valise la première fois qu’il avait tenté de la déplacer. Il avait alors laissé échapper un grognement plutôt comique pour ce dur marin qui se veut impressionnant. Elle n’avait pourtant pas été insensible à son charme, mais comme toujours son naturel avait repris le dessus, et maintenant qu’elle repense à ceci, elle ne peut que regretter de n’avoir su retenir ce léger rire.
La vue, par la fenêtre, est magnifique. Elle contemple toute la métropole de Duno comme seul un fleetiwik pourrait le faire. Subjuguée par ce panorama, elle sursaute en entendant frapper à la porte.
~
Lorsque Nebulys était arrivé sur le pont, il n’y avait plus de voyageuse sur le quai, la djaalin semblait s’être volatilisée. Une pointe de déception avait percé le cœur du capitaine qui avait rarement l’occasion de croiser d’autres représentants de son espèce. Ses yeux d’or s’étaient étrécis au milieu de son doux visage moucheté de poils noirs, et sentant une humeur aigre s’installer en lui, il était remonté à son poste d’observation. Lorsque son second était sorti du pont réservé aux voyageurs avec un sourire satisfait sur les babines, il l’avait appelé pour une petite mise au point.
Nebulys observe maintenant ses marins revenir à bord. Dans quelques minutes, tout ce monde sera réinstallé et à son poste, prêt au départ. Devant sa cape, le capitaine hésite quelques secondes avant de s’en saisir et de se diriger vers la cabine de la voyageuse. Cela fait de bien nombreuses années qu’il ne s’est plus posé ce genre de questions à l’idée de rencontrer une demoiselle, mais cette première vision qu’il avait eue d’elle avait saisi son cœur de grâce. Un cœur qui, mise à part l’ivresse du grand air, ne ressent que peu de joie ces derniers temps.
Il remet son col, ajuste le nœud doré à son cou, et frappe à la porte. Quand celle-ci s’ouvre, il s’incline et se présente. Ce n’est qu’en se redressant qu’il est submergé par la délicatesse du visage de la djaalin face à lui. Les cernes noirs tout autour de ses yeux coulent en deux fines gouttes de chaque côté de son museau blanc. Ses iris d’or brillent, comme lorsque le soleil se reflète sur les dorures de sa barre.
Soufflé, il murmure :
“Le Titan va quitter la tour, ma Dame. Je ne voudrais pas que vous manquiez ce spectacle…”
~
L’après-midi du deuxième jour de voyage, Pandaar, appuyée sur le bastingage, observe le capitaine Nebulys à la barre. Elle passe beaucoup de temps à ses côtés et apprend tout ce qu’il accepte de lui expliquer, buvant ses paroles en le regardant guider son navire dans le vent. Dès leur première rencontre, elle avait été très touchée par la délicatesse du capitaine. En quittant le port aérien de Duno, le Titan avait décrit une large boucle au-dessus de la capitale, sa grande voile tendue lui faisant prendre progressivement de la vitesse, et elle avait été époustouflée en observant la capitale qu’elle connaissait si bien s’éloigner et rétrécir, jusqu’à en devenir un tout petit village.
“Nous allons bientôt passer Tsum Geleth, par-dessus les cols les plus bas. C’est le seul accès que nous ayons, les autres montagnes sont trop hautes. Si les vents nous sont favorables, nous devrions être au lac d’Udoh demain tantôt.”
Pandaar se tourne vers la proue pour observer le massif rocheux se dressant sur leur cap. Du haut de la vigie, un stoufix s’époumone.
L’équipage s’active. En à peine une minute, les écoutes sont étarquées et les voiles amenées ou hissées. Posté à l’étrave, le second du capitaine, ce charmant lunaris qui l’avait accueillie, surveille l’approche des premières falaises. La tension à bord est palpable.
~
Le Titan avait quitté le port du lac d’Udoh la veille au soir. Dans deux jours, la traversée la plus agréable que Nebulys ait connue prendra fin. Mais ce matin, comme chaque matin depuis leur départ de Duno, le capitaine observe l’exquise Pandaar s’exercer dans l’aurore.
Dès la première aube du voyage, alors qu’elle avait passé une grande partie de la nuit à contempler les torrents de lave en survolant Inferno, Nebulys avait pu la voir sur le pont. Une fois ses étirements terminés, elle s’assoit contre le balcon avant et médite dans le calme précédant le changement de quart. Chaque fois le capitaine se surprend à admirer la noblesse et la délicatesse de sa silhouette dans la lumière matinale.
Enfin, il se décide à la rejoindre. Puisque ce voyage doit prendre fin, autant qu’il profite de sa présence, dont la douceur est un baume à sa solitude. Mais ce matin, une rixe éclate, à seulement quelques pas de la demoiselle. Un matelot fatigué, qui attend depuis trop longtemps d’être levé de son quart, se dispute avec le maître d’équipage qui, excédé, le repousse brutalement.
Ce geste déclenche une violente échauffourée entre les deux marins. Avant même que le capitaine puisse réagir, Pandaar se saisit du mousse insolent et le plaque sèchement au sol, lui bloquant les pattes d’une prise efficace. Lorsque Nebulys arrive finalement à leur côté, Pandaar a déjà relâché le matelot, qui penaud, présente maladroitement ses excuses à son maître d’équipage et à la voyageuse.
“Bosco, allez me trouver ce mousse perdu, qu’on m’explique pourquoi ce lunaris a dû tenir son quart si longtemps” puis, se tournant vers Pandaar, il s’incline, et la remercie, s’excusant pour ce comportement.
Malgré leur récente rencontre, les deux djaalins ont déjà passé tellement d’heures à discuter que Pandaar peut ressentir à quel point cet incident le blesse dans son orgueil et, face à cette détresse, elle s’incline et s’excuse à son tour, ne sachant que faire d’autre.
Le lendemain, après les exercices matinaux de la djaalin, Nebulys ne la rejoint pas. Préférant surveiller son équipage, honteux de l’avoir négligé, il repousse, une nouvelle fois, le plaisir qui lui tend les bras. S’il se veut capitaine, il se doit d’être entièrement dévoué à son navire, et ces distractions, bien que nécessaires à la santé de son cœur, le détourne de sa mission. Peut-être que, demain, il osera…
~
C’est le dernier jour de voyage pour Pandaar. La djaalin noire et blanche médite après son entraînement, mais une atmosphère particulière règne ce matin-là. A cette heure d’ordinaire si calme, l’excitation ambiante électrise tout le navire. Elle ouvre finalement les yeux, et entend une voix très familière derrière elle.
“Votre traversée va bientôt prendre fin, Dame Pandaar.”
Se retournant, elle accueille le capitaine d’un sourire.
“Je me demandais si je vous reverrais avant de débarquer…
– Je n’aurai osé vous laisser partir sans vous remercier de votre si agréable compagnie ! Ce fut un plaisir de vous avoir à bord, et vous serez toujours la bienvenue si vous désirez de nouveau voyager avec l’équipage du Titan, ma Dame.
– Eh bien, capitaine, sachez que j’attends déjà d’embarquer pour le retour, puisque ce voyage ne peut ne pas se terminer…
– Toute traversée a un but, même si celui-ci n’est que de repartir dans l’autre sens. Je suis sûr que celle-ci en a eu un pour vous.”
Pandaar, émue, murmure un remerciement, pointant le bout de son museau vers le plancher pour cacher sa tristesse. Puis, lui souriant une dernière fois, elle se retire dans sa cabine pour rassembler ses affaires. Ils seront à Levanos dans quelques heures, et déjà, depuis les grandes fenêtres de sa cabine, Pandaar voit la grande cité émerger des nuages. Pas besoin de tour pour accueillir le Titan dans la capitale d’Elonia, l’accostage se fera au niveau du sol de la ville. Dans les nuages.
Après la difficile manœuvre, Nebulys a tout juste le temps d’apercevoir Pandaar quitter le port aux côtés d’un destrinos portant une armure. Il ne la quitte pas des yeux. Au dernier moment, elle se retourne, et leurs regards d’or, une dernière fois, se croisent dans un éclat. Un sourire s’épanouit sur son doux visage, et vient caresser son cœur austère de tendresse.
~
Pandaar est accoudée au balcon d’une suite luxueuse. La vue magnifique dont elle jouit depuis la chambre des invités du palais de Levanos la laisse indifférente. Elle réfléchit à sa mission et à son éventuelle durée, complètement obnubilée à l’idée d’embarquer de nouveau à bord du Titan. Elle revoit ce dernier regard, sa cape ciel, brodée d’or, ondulant dans le vent, et l’éclat de diamant bleu à son oreille…
Elle a déjà rencontré la princesse à qui elle doit apprendre les rudiments du combat. Elle est jeune, mais son esprit est vif et son corps semble déjà aiguisé. La maître des arts martiaux qu’elle est sait reconnaître une bonne élève, et elle est assez confiante. Elle devrait repartir rapidement.
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Nebulys observe une nouvelle fois ses hommes débarquer à la tour de Duno. La joie communicative qui d’ordinaire le fait sourire devant l’incohérence qui règne sur le quai ne l’atteint pas ce jour-là.
Une seule chose lui importe. Dans six heures, ses hommes reviendront à bord, et, si les vents sont cléments, dans six jours à peine, ils seront au port de Levanos.
~
“Eh bien, maître, on nous avait compté vos mérites, mais vous faites des merveilles. Les progrès de ma princesse sont fabuleux !”
Pandaar s’incline humblement devant le père de son apprentie.
“Rien n’aurait été possible sans elle, répond-elle, modeste. Elle est d’une concentration sans égale. Dans peu de temps, elle pourra se défendre seule, et même diriger et entraîner elle-même votre garde. Elle demande chaque jour d’apprendre de nouvelles choses, et les assimilent très rapidement.”
Comblé de cet éloge, le roi se retire volontiers pour les laisser s’entraîner. La jeune élève reprend sa position devant le mannequin, une longue lanière de cuir dans la gueule, et lui assène des coups de plus en plus violents, s’aidant de l’élan de ses pattes antérieures pour déployer plus de puissance. Elle maîtrise déjà de nombreuses techniques, et à ce rythme, Pandaar pourra prendre le départ au prochain retour du Titan.
Cette pensée panse son cœur, meurtri au matin à l’idée de ne pouvoir embarquer alors que le majestueux navire arrivait au port. Aujourd’hui, il part sans elle. Elle espère que cela ne se reproduira pas.
~
Le Titan quitte Levanos, avec à la barre, un capitaine déçu. Il attendait tellement ce retour à Elonia que, ne quittant pas le quai des yeux, il avait risqué d’échouer son navire d’un malheureux coup de godille. C’est son second, qui, d’un bourru coup de l’épaule, lui avait discrètement signalé la déviance de leur trajectoire.
Ainsi le Titan repart pour une de ces éternelles traversées. Avec à la barre un capitaine au cœur fatigué, dont le dernier plaisir est de penser qu’il reviendra.
~
Cette fois, la princesse est prête. Après plusieurs combats, elle a prouvé qu’elle est capable de terrasser même son mentor. Pandaar l’avait quittée après une dernière révérence émue, leur tête baissée en signe de respect. Elle attend maintenant sur le port, sa lourde malle de matériel d’entraînement et d’armes à ses côtés.
~
Le Titan approche une nouvelle fois de Levanos. Le capitaine Nebulys se concentre, ne jetant pas un regard au quai. Il glisse son navire pour accoster, maniant sa godille précautionneusement, et donne l’ordre de jeter les aussières, puis d’abaisser la passerelle.
Enfin, plein d’espoir, son attention se porte sur le débarcadère. Son cœur bondit en voyant l’image qui l’avait hantée. Elle est assise comme ce premier jour à Duno, les fleurs dorées et blanches accrochées à l’oreille à laquelle elle porte son bijou, les feuilles fraîches de bambous ondulant dans la brise. Il se précipite vers le quai pour l’accueillir.
D’une révérence, un sourire tendre dévoilant ses crocs, il l’invite à la suivre. Sans effort, il prend la lanière de la malle dans sa gueule et la tire jusqu’à la cabine de Pandaar. La même que pour son premier voyage. Devant la joie exubérante de Pandaar, il se retire maladroitement, prétextant que son équipage a besoin de lui.
~
Depuis sa cabine, Pandaar entend l’équipage embarquer. Comprenant que le départ est proche, elle monte sur le pont rejoindre le capitaine qui l’accueille en souriant. En regardant Levanos s’éloigner, la djaalin s’aperçoit que cette vue lui semble bien plus agréable que celle du palais. Ses babines se retroussent doucement, dévoilant ses crocs, et lorsqu’elle regarde les nuages qui s’étendent à perte de vue devant la proue, son rire cristallin s’échappe dans une rafale.
Le vent, dans les poils cendrés de Nebulys, est doux et rafraichissant, comme la caresse du bonheur. Lui aussi sourit. Cette traversée sera une nouvelle fois merveilleuse.
~
Le premier matin, lorsque Pandaar ouvre les yeux après avoir médité, elle découvre Nebulys, assis quelques pas devant elle, un petit déjeuner posé sur un plateau devant ses pattes. Ils mangent, puis restent des heures, face à la proue, à discuter. Profitant uniquement de l’instant, Pandaar souhaiterait que jamais ce voyage ne s’arrête.
Les jours suivants répètent le même rituel. Après l’entraînement et la méditation de Pandaar, ils déjeunent ensemble. Puis, lorsque le capitaine doit relever son second à la barre, Pandaar s’installe avec lui ou s’entraîne avec l’équipage à monter au mât et à tendre les “cordes”.
Cette maladresse avait fait rire tous les marins, avant que Nebulys ne lui explique que la seule corde à bord est celle qu’utilise le maître coq pour sonner la cloche du repas. Penaude, elle avait passé des heures à mémoriser tous les noms, des drisses aux aussières, en passant par la balancine et les écoutes…
~
Au troisième jour du retour, Pandaar observe les pics de Tsum Geleth qui approchent. Après avoir desservi la cité du lac d’Udoh, l’équipage s’apprête pour la périlleuse traversée. Les vents leur étant une nouvelle fois favorables, le capitaine avait décidé de forcer la chance et de passer de nuit, sans prendre le risque d’attendre qu’ils ne tournent et ne jouent contre eux, les bloquant à l’entrée du col.
Égoïstement, la délicate djaalin avait espéré que ces montagnes resteraient infranchissables, allongeant de quelques heures peut-être sa présence à bord. Mais trop de responsabilités pèsent sur les épaules de Nebulys, qui se doit de continuer son voyage, coûte que coûte.
Doucement, les sommets s’assombrissent, déchirants de croc noirs le ciel aux teintes violettes. Le Titan se prépare, le silence est de nouveau pesant.
~
Dans la nuit complète, l’immense voilier progresse lentement. Chaque changement de cap, même infime, est réfléchi, et l’ordre est répété, de la proue à la poupe, pour que, du premier lieutenant au maître d’équipage, chacun approuve et confirme cette manœuvre.
L’atmosphère est lourde. Tout l’équipage est sur le pont, à l’affût du moindre signe. Soudain, alors que le Titan franchit un étroit goulot, un hurlement perçant fend la nuit.
S’en suivent des battements d’ailes au-dessus de leur tête. Les marins se rassemblent au milieu du pont supérieur. Les voiles sont amenées, le bateau immobilisé. Pandaar, elle aussi, s’est figée, à l’affût. Les ailes claquent de plus en plus près de leurs oreilles, et après plusieurs minutes d’attente et de doute, ce que Pandaar imaginait survient.
Sur le pont, un marin crie. Les autres tentent de lui venir en aide, mais des centaines de chauve-souris les assaillent, les mordant et les griffant. Le stoufix se débat, puis chute. Dans la seconde où Pandaar se précipite vers lui, des dizaines d’autres créatures abordent le Titan. D’une pirouette, elle évite la tête aux oreilles pointues qui se jette sur elle, puis assène un violent coup des pattes antérieures dans le torse de celle qui agresse le stoufix. Celui-ci se redresse doucement, secoué, au milieu du pont devenu champs de bataille. Une autre créature se précipite sur eux, les ailes repliées dans son dos pour prendre plus de vitesse. L’agile combattante prend position devant le stoufix qu’elle protège, se préparant à l’impact.
~
Une attaque de vampirines. Nebulys avait déjà dû les affronter par le passé, c’est un risque lorsque l’on traverse ces montagnes de nuit. La djaalin avait bondi au secours de l’équipage avant même que le capitaine ne puisse la retenir.
Dans la cohue provoquée par l’abordage, il cherche Pandaar, repoussant les chauves-souris qui s’accrochent dans ses poils. Une première vampirine le prend pour cible, la gueule grande ouverte, ses crocs saillant pour le mordre. Prenant de l’élan, il la percute de tout son poids, l’envoyant rouler quelques mètres plus loin. C’est en se redressant qu’il aperçoit enfin sa Dame. Campée toute droite sur ses quatre pattes, elle se dresse entre une vampirine et un jeune stoufix de son équipage.
Sans réfléchir, il s’élance. Une créature se jette sur lui. Saisissant une de ses ailes dans ses crocs, il l’expulse par-dessus bord d’un ample mouvement de tête. Il a à peine ralenti dans ce mouvement, et c’est à pleine vitesse qu’il arrive sur Pandaar, à terre, terrassée par la pirate…
Le sang goutte entre ses crocs, faisant couler dans ses veines un flot d’adrénaline. Dans un hurlement, il bondit sur la vampirine, refermant sa mâchoire comme un étau. La créature hurle à son tour, d’un cri strident qui alerte ses paires. En quelques secondes, Nebulys disparaît sous la dizaine de créatures en furie.
Se jetant à son tour dans la mêlée, les larmes brouillant sa vision, Pandaar tente de repousser les vampirines une à une. Mais celles-ci ne partiront pas sans l’une des leurs, et ce n’est que lorsque Nebulys s’effondre, épuisé, que l’essaim se disperse, laissant tout le pont dans un état second.
Voutée sur le corps du capitaine, Pandaar sanglote, le museau enfoui dans sa douce fourrure grise, encore chaude. Le sang des vampirines tache son beau poil opalescent. L’instant est en suspend. Tout l’équipage semble avoir cessé de respirer.
Enfin, un murmure s’échappe des poumons du capitaine :
« Vous n’avez rien, ma Dame. Je… je croyais vous avoir perdue… Mais vous n’avez rien… »
~
Dressée sur ses pattes antérieures, Pandaar profite de la brise à la proue du Titan. Quelques pas derrière elle, Nebulys, à la barre, la contemple d’un air rêveur. Dans quelques heures, ils feront escale au port aérien de Duno. Déjà, la haute tour se dresse sur l’horizon, et cette vue remplit le cœur du capitaine d’une douce joie.
Après Duno, Pandaar et lui prendront le cap d’Aydo’h, la dernière étape de la traversée du Titan. Et désormais, le vent portera chaque jour leur amour, dans une croisière sans fin, les unissant sous les cieux à bord de ce légendaire navire divin.
6éme Place : Tomoe et Shanyra / Sakura et Lucine31, ex eaquo
Aujourd’hui est le plus beau jour de ma vie. Pourquoi cela vous vous demandez? C’est très simple, ce jour magique est celui de mon mariage avec ma moitié, le soleil de ma vie. Moi, Lady Elizabeth vais prendre pour époux mon très cher Phileas Fox. Tous nos amis sont là pour fêter avec nous, notre bonheur, notre amour et surtout le départ de notre vie commune.
Je me souviens de la première fois que je l’ai vu comme si c’était hier. Je prenais le bateau volant pour aller à Elonia. Je devais y rencontrer le fiancé choisit par ma mère. Je peux vous dire que la joie n’était pas au rendez vous mais prendre le bateau m’excitait beaucoup en dépit de sa destination. C’était la première fois que je montais à bord de ses machines volantes. Autant vous dire que j’étais excitée comme une puce! Je ne tenais pas en place, il fallait que j’observe chaques détails de cette merveille volante. Voyez-vous, je suis écrivaine et connaître le fonctionnement d’un tel engin ne pouvait que me servir dans mes livres. C’est en allant m’aérer l’esprit sur le pont que je le vis pour la première fois.
Ce charmant stoufix retenais son haut de forme pour éviter qu’il s’envole et je vous avoue que c’est ce petit détail si adorable et hilarant qui a retenu mon attention en premier. Puis j’ai remarqué son pelage cuivré si soigné, ses manchons accordés à son chapeau, sa moustache si élégante. Je ne pouvais détacher mon regard de ce stoufix. Croyez-moi, une fois que l’on découvre l’être parfait, on peut s’empêcher de le fixer.
Au début, j’essayais de me convaincre que je l’espionnais pour des recherches pour mes livres. Je sais, espionner est un mot fort mais c’était le seul qui convenait dans mon cas. Je me désintéressais complètement du fonctionnement du bateau, de la merveille des paysages ou même du pourquoi je faisais ce voyage. J’étais obnibulée par ce mâle! Pendant chaque minute, chaque instant où je le regardais, je remarquais mille détails à son propos. Comment sa moustache bouclait plus à droite qu’à gauche, comment il aimait s’appuyer sur sa canne quand il se stoppait pour regarder le paysage. Bref, je voyais tout et surtout je notais tout dans mon petit carnet de bord. C’est d’ailleurs lui qui me trahit.
A ma grande honte, plus le temps passait et plus je m’approchais physiquement parlant de cet être fascinant. Bien sur, connaissant ma maladresse, le grand moment de la rencontre arriva fatidiquement. Je m’étais imaginée un moment merveilleux où il me remarquerait et saurait sur le coup que j’était la stoufix de sa vie. La réalité se passa autrement. Nous étions sur le pont, lui admirant les sublimes nuages et moi m’approchant discrètement de lui. C’est à ce moment là que le vent se décida à souffler! Les pages de mon carnet de bord s’envolèrent et bien sur, comme tout être galant, il m’aida à les ramasser. Je vous avoue que j’était rouge écrevisse et qu’avec mon pelage auburn, cela faisait très bizarre. Le moment gênant empira vraiment quand il me rendit mes feuilles et qu’il me murmura avec un grand sourire que le portrait que j’avais fait de lui était très réaliste. Je ne savais plus où me faufiler! Heureusement avec gentilesse et tact, il avait commençé à me poser des questions sur le pourquoi de ses annotations et je lui avait répondu que j’étais écrivaine et qu’il m’avait inspiré.
Finalement, nous parlâmes tout l’après-midi ensemble autour d’une bonne tasse de earl grey. Tout d’abord, il me questionna sur mon métier, mes sources d’inspirations et je lui parla volontiers de la passion qui me faisait vibrer, l’écriture. Puis nous avions discuté de son métier d’archéologue qui le conduisait à voyager aux quatres coins de Gothicat World. Son expérience était pour moi, une source infinie d’inspiration. Lorsque nous étions ensemble, le temps semblait défiler tellement vite qu’on ne se rendait compte de rien. Ou alors il se stoppait. Je n’ai pas encore trouvé la solution entre ses deux hypothèses.
Tout ça pour dire que toutes les bonnes choses ont une fin et à mon grand désespoir, le bateau se rapprochait trop rapidement à mon goût d’Elonia. Entre Phileas et moi, une petite routine s’était installée. Le matin, nous nous retrouvions pour un petit déjeuner sur le pont avec un bon thé darjeeling accompagné de scones, puis nous passions le reste de la journée ensemble. Il me racontait ses voyages et les merveilles qu’il avait découverte dans une crypte de Renarhim ou dans une pyramide de Sandasia. Et moi, je lui parlais de ma petite vie tranquille, de mes écrits et je vous l’avoue un peu tout et n’importe quoi. C’était au détour d’une de ses conversations anodines que nous découvrâmes que nous possédions la même plushie lunaris. Dans mon esprit de stoufix amoureuse, c’était un signe qui ne trompe pas.
Oui, j’ai bien dit amoureuse. Au début de ce voyage, je le trouvais fascinant de part son apparence et sa façon d’être. Maintenant, je peux me l’avouer, je suis tombée amoureuse du stoufix qu’il est! Un stoufix charmant et aventureux. Lorsque je fis cette découverte sur mes sentiments, je décida de tenter le tout pour le tout et de partager mes sentiments avec lui.
Pendant que je lui faisait ma déclaration, Phileas s’était mis à jouer avec sa moutache, signe qu’il était nerveux comme je l’avais appris lors de mes observations. Toute honteuse, je m’étais stoppée et lui avait démandé de m’excuser pour ce moment génant. Ce fut à ce moment là qu’il s’excusa à son tour, et me parla de cette rencontre arrangée par sa grand-mère avec une jeune lady. Il m’avoua qu’il devait la rencontrer à Elonia mais qu’il ne comptait pas se marier avec elle. Je ne vous apprend rien en vous disant que sa déclaration m’avait fait chaud au coeur et m’avait redonner espoir! Ensuite, il enchaina en m’affirmant qu’après m’avoir rencontré, il n’envisageait pas de se marier avec quelqu’un d’autre et surtout pas cette Lady Elizabeth. Moi qui avait commencé à flotter sur un petit nuage, je vous avoue que la chute avait été rude! C’est à ce moment là que j’avais du lui avouer que je ne m’appelais pas Eliza comme je lui avait dit mais Elizabeth et plus précisément Lady Elizabeth.
Finalement, nous comprîmes que nous étions le rendez-vous arrangé de l’autre. La persective que ce mariage arrangé prenait un tout autre sens! Et là, le stoufix de mon coeur eu une idée lumineuse. Pourquoi attendre d’arriver à Elonia pour se marier! Je l’aimais, il m’aimait et quoi de plus romantique pour se marier que notre lieu de rencontre. Durant notre séjour, nous nous étions fait quelques amis qui accepteraient sans problème d’être nos témoins. Pourquoi attendre quand on sait ce qu’on veut?
C’est ici que j’arrête ma rêverie ou plutôt le souvenir de notre rencontre à Phileas et moi. Ce très cher amour est au bout de l’allée et il m’attend. Le capitaine du bateau a préparé un nuage spécialement pour nous. Il est magnifique avec toutes ses fleurs, et ses pétales qui volent un peu partout. La musique commence, nos amis sont sur les bancs de chaques côtés de l’allée. Et il y a ce magnifique arc en ciel qui vient d’apparaître comme si le ciel lui même nous affirmait que tout ira bien.
Je m’avance sur l’allée entrainant dans mon sillage une pluie de pétales, prête à jurer mon amour éternel pour Phileas à la face du monde. Je suis prête et je me sens prête à commencer une nouvelle vie, pleine d’amour, de joie et peut-être de petits stoufix.
Texte de Sakura
Nous avons choisi les créatures suivantes pour l’histoire : Vankor et Fireflamme
Un séjour unique à Elonia.
Vous est-il déjà arrivé de regarder une photo de vous et d’apercevoir un inconnu en arrière plan ? J’imagine que oui. Dans mon cas, j’ai aperçu cet inconnu sur plusieurs de mes photos lors de mon excursion à Elonia, alors que je m’étais arrêté pour la nuit dans une auberge. Sans savoir pourquoi, j’ai zoomé sur mon aquario afin de bien le distinguer. Et là, j’étais à la fois troublé et content. Cette magnifique créature regardait dans ma direction, j’en étais sûr. J’ai alors parcouru toutes mes photos, tentant de voir si elle apparaissait sur d’autres clichés. Stupéfait, je me suis alors rendu compte que oui. J’ai donc décidé de relier mon aquario photo à mon ordinateur et de les regarder une à une. Les souvenirs de mon périple ne se firent pas attendre, et bientôt, je commençais à sentir mon cœur battre de toutes ses forces…
L’embarquement.
J’étais en retard, comme d’habitude. Ma sœur m’attendait déjà sur le bateau qui nous emmènerait vers la contrée d’Elonia, cette terre si vaste et entourée de nuages. Ca me changerait de ma contrée d’origine, Aquahana, dans laquelle je suis né et que je n’avais jusqu’alors, jamais quittée. Je dois avouer que je suis de nature très craintive, je n’ose pas mettre la patte dehors de peur qu’il m’arrive quelque chose. Oui, je suis sans doute un peu hypocondriaque sur les bords. Alors quand ma sœur m’a annoncé qu’elle partait en voyage vers Elonia et qu’il fallait absolument que je vienne avec elle, j’ai évidemment refusé. Sauf que ma sœur, on ne lui dit pas non. Pour vous expliquer à quel point elle peut être persuasive, vous n’avez qu’à imaginer un tsunami qui viendrait tout dévaster sur son passage. C’est ça, ma sœur : un torrent de larmes incontrôlable qui vous rend si mal à l’aise que le seul moyen pour qu’elle arrête de pleurer, c’est d’aller dans son sens. Voilà comment je me suis retrouvé, moi, Vankor, sur ce quai, lunettes de soleil sur le museau, chapalgue sur la tête, mouchoirs dans une poche, gel antibactérien dans l’autre et ma petite trousse de secours dans ma besace. Pas très inspiré, je cherchais ma sœur du regard, jusqu’à ce que je remarque qu’il n’y avait qu’une seule minousha à pousser des cris de joie et à faire de grands signes pour être certaine d’être vue. Aquario photo à la main, elle avait eu la bonne idée de réaliser un reportage de notre escapade.
Ce bateau était vraiment très beau et grand, construit sur la base d’un cygne, il était gris argenté avec un pendentif doré et commençait à se remplir très vite, tellement vite que j’ai pressé le pas histoire de ne pas le rater. Pris de panique à l’idée que ma sœur ne m’envoie des mauvais sorts si jamais je ne montais pas dans cette embarcation, je me mis donc à courir le plus vite possible afin d’être en sécurité. Seulement voilà, dans ma précipitation, j’en avais perdu mon chapalgue ! Pas le temps de me retourner pour le rattraper, j’entendais déjà les sifflets qui m’informaient que nous allions bientôt prendre le large.
Cette photo ne me mettait pas du tout en valeur décidemment. Ma sœur elle, avait trouvé ce moment très drôle et l’avait donc immortalisé. On pouvait voir la crispation de mon visage à l’idée d’avoir perdu ce magnifique chapalgue, offert par mon grand-père, et celui-ci virevolter dans les airs, comme s’il aspirait à une autre vie …
La photo suivante me fit pouffer de rire. C’était à la fois drôle et tragique que ma sœur ait réussi à obtenir ce cliché qui me rend tellement vulnérable finalement.
La traversée.
Voilà j’étais à bord. J’avais la frousse, car c’était la première fois que je mettais les pieds sur un bateau. Première fois que je n’avais que l’eau à perte de vue, la mer, rien que la mer. C’était terrifiant et à la fois, exaltant. Premières sensations de secousse aussi, premiers remous, premiers regards dans le vide, premières … nausées ! Et voilà, comme je l’avais pressenti, j’avais le mal de mer. Il fallait que ça tombe sur moi ! Je voulais prendre un gothicament dans ma besace, mais ma chère et tendre sœur avait disparue parmi la centaine de passagers et avait pris soin de mettre mes affaires en cabine. Soudain je me suis souvenu d’une astuce contre le mal de mer, que j’avais lue dans la Gazette. Je suis donc allé à l’arrière du bateau, afin de pouvoir fixer l’horizon et respirer calmement. Je commençais déjà à me sentir mieux, debout face à cette immensité qu’est l’océan. Je me suis mis à rêvasser, si bien que j’ai eu cette impression de déjà vu. Les pieds serrés, les bras ouverts, je me suis mis à crier « Jack, je vole ! » jusqu’à ce que j’entende pouffer de rire derrière moi. J’étais grillé. Quelqu’un m’avait surpris en train de rejouer une scène de Titanic, et je regrettais déjà de m’être emporté de la sorte. Embarrassé à l’idée de retourner sur le pont avec tous les autres, je suis resté assis là quelques longues minutes. Ma sœur s’inquiéterait sûrement de ne pas me voir et viendrait jusqu’ici.
Un sourire aux lèvres, je regardais cette photo de moi, grand nigaud que je suis. Elle n’était pas si mal finalement, cette photo. En regardant bien, je pouvais distinguer une ombre dans le coin du cliché que ma sœur avait pris à mes dépends. Je n’arrivais pas bien à le voir, mais j’étais persuadé que c’était lui ! Oh mon Dieu ! Cet individu m’avait surpris en train d’imiter Rose ! Quelle catastrophe ! Afin d’oublier cette mésaventure, je passais à la photo suivante … C’était un gothifie de ma sœur et moi près du gouvernail. J’avais les yeux fermés à cause du soleil, mais je n’étais pas si mal tout compte fait. Je fixais ma crinière, la perte de ce chapalgue m’avait vraiment perturbé, j’étais assez triste de l’avoir perdu. De plus, c’était l’un des seuls clichés où n’apparaissait pas mon bel inconnu. Faut dire que ça aurait été assez difficile de se faufiler sur un gothifie, et malvenu d’ailleurs. Il le savait sans doute et n’avait pas eu envie de gâcher ce moment de complicité avec ma sœur. Sauf que … sauf que je distinguais une sorte de petit mot derrière mon visage, comme un écriteau, une feuille ou je ne sais quoi. Ma sœur me prêta sa petite loupe de poche et j’examinais ce bout de je ne sais quoi de plus près. Un message …. « Rejoins-moi à l’Arbre aux Cœurs ce soir, 21h00 ».
Abasourdi. Voilà ce que j’étais à cet instant précis. Assis sur ma chaise, je suis resté là pendant de longues minutes à me demander si je n’étais pas en train de rêver. Est-ce qu’il s’adressait à moi ? Vraiment ? Où étais-je encore en train de m’imaginer dans un film d’amour comme c’était souvent le cas ? Quelle heure était-il au juste ? 20h50 …. 20h50 ! Il me restait donc dix minutes pour reprendre mes esprits, savoir où se trouvait cet Arbre aux Cœurs, prendre ma besace au cas où j’aurais affaire à un psychopathe de la bactérie et à courir de toutes mes forces … non pas trop en fait je n’avais pas envie d’arriver là bas en sueur.
L’inconnu.
J’étais finalement arrivé le premier. Un peu gêné, je me suis blotti contre l’arbre histoire d’être attentif à ce qu’il se passait autour de moi. Est-ce que j’allais le reconnaître parmi la foule qui passait tout près ? Est-ce qu’il allait vraiment venir ? Qu’est ce que j’allais bien pouvoir lui dire ? Mes questions n’ont pas eu le temps de faire le tour de mon cerveau que j’entendais quelqu’un tousser derrière moi. Il était là. Assis de l’autre côté de l’arbre. Nous ne nous étions même pas vus … quelle belle bande de bras cassés ! Je me suis mis à sourire, au final, cela ne me servait à rien d’avoir peur, j’avais le sentiment qu’il était comme moi : timide, car il n’était pas venu me voir directement, même quand il m’avait surpris dans ma grande interprétation sur le bateau ; fleure bleue, car il m’avait laissé un petit mot caché sur l’un de mes clichés. Et un peu maladroit, car il n’avait même pas remarqué ma présence alors que j’étais là et qu’il était censé m’attendre. Je pris mon courage à deux mains et me leva, m’arrêtant pile en face de lui. Il était si beau. Si …. Rouge ? Des flammes émanaient de son pelage, c’était certain, il venait d’Infermo. L’eau et le feu ? Ça ne pouvait pas être réel. Deux éléments pouvaient-ils être complémentaires ? Depuis ma tendre enfance, tout le monde à Aquahana savait pertinemment que personne ne pouvait avoir d’avenir avec une créature d’Infermo. Certains avaient tentés, mais n’y étaient jamais arrivés : l’eau et le feu ne peuvent pas être unis. Quand l’un se meurt au seul contact de l’eau, l’autre s’évapore au moindre contact avec le feu.
Il me tendit quelque chose qui me fit pleurer et encore une fois, passer pour une nouille. Mon chapalgue. Il m’expliqua qu’il m’avait vu courir et perdre celui-ci, qu’il le ramassa mais qu’il ne savait pas comment m’interpeler, que je l’intimidais. Qu’il me trouvait mignon et drôle, et que le seul moyen qu’il avait trouvé pour correspondre avec moi, c’était ce message laissé sur l’une de mes photos. Après avoir échangé durant plus d’une heure, il m’a dit cette phrase qui a complètement bouleversée ma vie :
« Je suis le maitre de mon destin, le capitaine de mon âme ».
L’une de mes phrases préférées entendues dans l’une de mes séries préférées. Je ne me posais plus aucune questions, je n’avais plus envie de savoir si nous étions compatibles, ce qu’en penseraient mes amis, ma famille, si nous allions avoir un avenir tous les deux. Je voulais simplement tenter l’aventure. Avec lui.
En rentrant chez moi, j’accrochais la plus belle photo que ma sœur avait prise durant ce voyage merveilleux. Une photo de nous deux, l’Arbre aux Cœurs qui nous séparait, cherchant en vain ce qui était en fait, à côté de nous : l’Amour.
7éme Place : Boal et Killashandra
Je suis Boal, conteuse d’avenures et troubadour a mes heures !
Laissez moi vous conter l’histoire de l’Amour.
Du plus puissant des amours que ce monde et tout les autres n’ai jamais accueillit.
L’histoire d’un amour qui traversa les âges et les epoques, un amour que nul n’a surpassé, celui de la princesse Jolly d’Aydoh, et de Naé, roturier du vent.
Leurs noms, sans doute, vous sont inconnus. Car le réel amour est discret autant que puissant.
C’est pour cela, messieurs dames, laissez moi vous raconter leur histoire.
Jolly était une princesse d’Aydoh, une Lipicus, dont partout on chantait la beauté et la délicatesse, le rafinement et le charme. Élonia et Aydoh devaient conclure une entente commerciale par un mariage. Notre douce princesses aux yeux de rubis était donc fiancée au plus riche des princes d’Élonia depuis sa naissance, mariage dont elle ne prêtait guère d’attention.
Naé était un pauvre fils de pêcheur qui s’engagea en tant que marin dans un bateau de croisière volant. Il méritait d’être prince, mais il ne fut que pauvre matelot.
Ici cm en ce leur histoire, au détour d’un port d’Aydoh, devant un bateau de croisère ailé.
Jolly monta sur le navire, le coeur hésitant entre joie,angoisse et peine.
Ici finissait sa vie telle qu’elle la connaissait, ici commençait réellement celle de fiancée. Un prince d’Élonia allait devenir son mari, que rêver de mieux ? En tant que princesse d’Aydoh, elle devait s’y soumettre. Elle n’avait jamais vu son futur mari, mais toute sa famille vantait sa beauté, sa gentillesse et ses très nombreuses qualités…que rêver de mieux ? Pourtant, la jolie princesse n’êtait pas heureuse. Elle avait l’impression de n’être qu’un objet, un moyen.
-Vous avez besoin d’aide mademoiselle ?
Une voix, douce et grave, aux intonations de rêve et de délicatesse. Une voix que l’on voudrait écouter toute sa vie. La belle Lipicus se retourna, et alors elle crut s’être égarée dans un rêve.
Un beau matelot se tenait devant elle. D’une beauté douce et incroyable, avec un pelage brillant commea neige en plein hiver et d’une blancheur nacrée qui miroitait de milles et un éclats bleutés. Dans son dos, deux ailes, promesses de liberté, encore toutes couvertes de douces perles de rosée. Avec l’aube derrière lui et les nuages roses scintillant de lumière, Jolly se demanda si elle n’avait pas affaire à un ange qui se serait égaré sur la terre lors d’une balade en mer. Il sembla alors à la princesse que le monde avait disparut pour ne laisse place qu’à un océan bleu aux vagues d’amour, les yeux de ce seigneur ailé vêtu comme un roturier.
On raconte qu’Éros, du haut de son trône d’or perché dans les cieux, laissa tomber de son carquois une flèche. On dit que cette flèche perça le coeur d’une princesse aux yeux de rubis et, n’ayant pu s’arrêter, poursuivit sa trajectoire pour se planter dans celui d’un matelot ailé au pelage de cristal.
La légende ne ment pas, l’amour les submergea sans qu’ils ne puissent se défendre.
-A…Altesse ? répéta la voix.
Jolly cligna des yeux. La réalité était bien lui. Et alors, la princesse sut qu’elle passerait le restant de sa vie à ses côtés.
Jolly sentit ses grandes oreilles chauffer elle baissa la tête et répondit d’une voix pareil a une mélodie :
-Je vous en prie, seigneur, appelez moi Jolly…
Si Naé ne devait pas faire bonne figure, sûrement qu’il se serait pincé. Qui était donc cette sublime créature aux envoûtants yeux de rubis et à la fourrure d’aurore ? Cette princesse aux longs cils qui s’inclinait devant lui et l’appelait seigneur ? Une déesse descendue du ciel pour l’ensorceler et lier son coeur à l’Amour dont il ne connaissait encore rien.
Le Lipicus sut alors qu’il allait rester prisonnier à jamais de ses yeux rubis et que, quoi qu’il advienne, jamais rien ne pourrait les séparer.
Il porta les affaires de la princesse jusqu’à la cabine luxueuse qui lui était réservée, échangeant courtoisies et tendresses, regard plein d’amour et politesses.
Jolly releva la tête, ils venaient d’arriver.
-Comment vous appelez vous…monseigneur ?
-Naé, votre Alte…miss Jolly.
Leur regard se croisèrent. Chacun se noya dans le regard de l’autre, et alors tout disparut et toute la tendresse du Grand Amour qu’ils éprouvaient réciproquement l’un pour l’autre les submergea comme mues par un même aimant. Leurs museaux se rencontrèrent.
La magie sembla durer une éternité et lorsqu’ils se séparèrent, chacun n’osait parler, ce silence respectueux et admiratif valant tout les mots du monde.
Ce fut une servante qui les tira de leur rêverie.
-Altesse ? Votre père voudrait vous voir…
Jolly soupira. Dans ses yeux brillait la tristesse. Reprenant peu à peu le sens de la réalité, la belle princesse baissa le regard et murmura :
-Merci, Naé…
Puis elle s’éloigna avec la servante.
La longue semaine s’écoula lentement, très lentement, séparé l’un de l’autre.
Jolly recevait un poème par soir, glissé sous la porte, qu’elle lisait avec tendresse, versant souvent une petite larme, émue et heureuse, fière de ce qu’elle éprouvait.
En retour, elle envoyait à son bel amant une rose, un bijou, ou encore un ruban, en souvenir d’elle, pour l’amour d’elle.
Et bientôt les jours se succédèrent à des semaines, les semaines à un mois entier.
Et bientôt on annonça Élonia pour le lendemain. Un grand bal serait donné en l’honneur de cette arrivée.
Notre princesse accueillit la nouvelle avec joie, ses fiançailles ayant complètemet déserté son esprit amoureux.
Ce soir là, Jolly se fit belle comme jamais. Parée de milles et un bijoux qui brillaient de milles feux, sa fourrure à la couleur d’aube brillait de mille feux.
Naé, lui n’avait que ses ailes.
Au bal, la musique jouait un air de violon, et des pétales de roses jonchaient le sol. Naé était mal a l’aise. Seule sa princesses aux yeux de rubis lui importait et peu lui faisait la musiqet les violons.
Soudain il sembla que la pièce se fit plus lumineuse et que toutes les demoiselles présentes semblaient d’un banalité dégoûtante. La princesse Jolly aux yeux de rubis était entré. De sa démarche dont la grâce, l’élégance et la noblesse transparaissait à chaque mouvement, elle s’approcha de Naé, son beau marin ailé.
-Puis-je, avec vous, danser ce soir ?
Sa voix était pareil à un chant d’oiseaux au matin, ceux qui ensoleillaient une journée rien qu’en chantant.
-C’est a l’instant, princesses, que n’allait vous demander d’accorder cette noble danse à un pauvre roturier comme moi, mais puisque vous m’avez devancé, c’est avec l’audace de mes yeux éblouit et de mon coeur en émoi devant tant de grâce que je vous demande de m’accorder toutes celles de la soirée, répondit le Roméo au pelage nacré.
Si les sourires n’ont pas le pouvoir d’éblouir, ils sont celui de ravir et d’émouvoir. Celui qui naquit sur le visage de la Lipicus aux milles bijoux avait ce pouvoir.
-C’est avec toute la joie de ce monde que je vous accorde cette soirée, et toutes autres danses que je puis danser, monseigneur Naé le Roturier, dit elle de sa voix de mélodie.
Ils dansèrent toute la nuit, au son des flûtes, douces courtoisies audacieuses murmurées à l’oreille tout le long des danses.
L’aube aux doigts roses commençait à se lever à l’est lorsqu’ils s’éclipsèrent à l’avant du bateau, loin des flûtes et des roses, seuls enfin, face à face.
Assis l’un a côté de l’autre, les yeux perdus dans la mer de nuage qui s’étendait a leurs pieds. Jolly posa sa tête sur l’épaule de Naé, lequel posa son museau sur le siens dans une douceur infinie et délicate.
-Je n’ai eut d’yeux que pour toi depuis que je t’ai vu, Jolly. Je ne savais ce qu’était l’Amour et le bonheur avant de te rencontrer. Ne dis rien, tu n’as pas besoin de me dire “je t’aime” pour que je ne cesse de te le répéter, et tu n’as pas besoin de m’aimer pour que jusqu’à ma mort je ne cesse de d’adorer. Je sais où est ma vie désormais et où est mon coeur. Ils sont tout les deux là, là dans ses yeux rubis où je me nous près de toi, dans la douceur de ton parfum de fleur. Je t’aimes, Jolly, et cela bien plus que ma vie. Si tu voulais la lune, je te la décrocherait, ainsi que toutes les étoiles de l’univers, ne serait-ce que pour voir un sourire sur ce visage que j’aime tant. N’aimes ta façon de rire et j’aime ton courage, ta joie et ton regard. Je sais que ton fiancé est un prince, un futur roi, mais la folie de l’Amour et du Bonheur me permet de me dire que, plus que tout, j’aime te voir danser. Veux-tu danser à mes côtés pour l’éternité ? Veux tu m’épouser, Jolly, princesse de ma vie ?
Il n’existait pas de mot pour décrire ce que ressentait la princesse à ce moment-là. Il lui sembla que plus rien n’existait, et les mots magnifiques qui résonnaient à ses oreilles lui semblèrent trop beau pour être vrais. Des larmes d’émotion coulèrent de ses yeuxLa jolie Lipicus ne réfléchit pas et seuls les mots qui naquirent à ses lèvres purent sortir :
-Je t’aime plus que tout et si il était interdit de t’aimer Naé, sache que j’irai en prison. Je t’aimes, et danser à tes côtés pour l’éternité est la meilleure chose qui puisse m’arriver. Sache que je veux t’épouser et passer le restant de ma vie à tes côtés.
Leurs museaux se rencontrèrent une troisième fois depuis qu’ils se connaissaient. C’était la première fois qu’ils s’avouaient à voix haute leurs sentiments.
Le bonheur les submergeait. Ils auraient dut prendre une chalouppe, accoster à Élonia, et s’aimer à jamais. Ils auraient dut s’enfuir et se cacher, avoir de nombreux enfants et vivre heureux dans les cieux pour l’éternité. Ils le méritaient. Leur amour le méritait.
Hélas, le destin ne l’entendait point de cette oreille.
Le père de notre amoureuse, ayant discrètement surveillé le couple toute la soirée, sortit, les ayant perdu de vue. Alors qu’il allait à la proue, il vit ce qu’il n’aurait pas dut voir. Sa fille, la truffe posée contre celle du matelot. Le bonheur formant une protection invisible autour d’eux.
Une protection, hélas, qui n’était point à l’épreuve des flèches.
-Gardes ! scanda l’intrus, Tuez ce sélécrat !
Les amoureux se séparèrent, blottis l’un contre l’autre, les yeux agrandis de terreur.
-Non ! Pitié père, ne faite pas cela ! J’épouserais votre prince d’Élonia mais ne faite pas cela ! s’exclama la pauvre fautive.
Le père se durcit. Et il cria en réponse, la voix semblable aux trompettes de la mort :
-Tuez ce Lipicus.
La scène se déroula au ralentit. La flèche partit, branche de ronce horrible voulant assassiner et tuer, une affreuse branche cruelle avide de sang et de larmes.
Jolly fut plus rapide et se jeta entre son bien aimé et l’atroce instrument de désespoir. Mais le jet était lancé avec tant de puissance et de haine, qu’il piqua également Naé, aux ailes bleues.
Percé d’une même flèche, comme celle qui leur avait percé le coeur, leur inspirant ce doux bonheur qu’est le réel amour.
-Adieu cruel monde froid de glace. C’est avec plaisir que je le quitte s’il me permets de passer l’éternité à tes côté.
Dans une même voix, ils ne firent que murmurer, ensemble, cette phrase.
On raconte que dans un même soupir, ils perdirent la vie.
On dit également qu ‘après leur mort, Naé prit dans ses pattes sa princesse aux yeux rubis pour dans les cieux l’emmener.
Si les étoiles ne sont pas de bruyantes voisines, on sait que leur amour, tant que Gothicat World existera, continuera durer encore et encore.
Si l’Amour ils ne purent le vivre pendant leur vie, dans les cieux, ils continuent de s’aimer. Ils sont heureux.
On raconte que dans les yeux rubis de sa princesses, Naé s’ezt noyé. Et on dit aussi que, captivée par ses grandes ailes bleues, jamais elle ne lui a donné de moyen de rentrer.
On raconte que si nls yeux se perdent en rêvant d’amour, on peut encore les voir danser. Il suffit juste de regarder, de rêver. Perdu dans leur bonheur, sur nous ils continuent de rêver et de nous inspirer l’Amour.
Ici se termine leu hisoitre. KL est tant pour moi de rentrer et de ranger mon luth pour aller LS chanter ailleurs à ‘d’autres braves gens. Si jamais vous hesitez, choisissait toujours le bonheur. Choisissez l’Amour. Ils seront toujours là, Naé et Jolly, pour vous récompenser et vous aider. Seulement si votre amour est vrai.
8éme Place : Timoun et Neytiri-Navi
Elonia, la cité aux milles merveilles. Cela faisait quelque temps qu’on lui conseillait cette destination, et maintenant il était là, à bord du Célestia, un des fameux navires volants partant de Gaïara pour rejoindre la cité flottante.
Le Célestia était un des plus grands bateaux flottants d’Elonia, composé d’une coque en bois massif entièrement décoré et vernis, portée par un ballon ovale où se mélangeaient les couleurs les plus farfelues. C’était un magnifique vaisseau, porté par les vents gracieux dans un ciel bleu où se poursuivent quelques nuages blancs et cotonneux. En bas s’étendait la contrée de Gaïara, qui offrait aux passagers du bateau un spectacle à couper le souffle. Tout le monde s’extasiait devant le paysage baigné par le doux soleil de ce début de journée. Tout le monde, sauf lui. Il restait froid devant cette beauté.
Il s’appelait Z199, mais ses amis l’avaient surnommé Zion. Il avait fini par s’habituer à ce prénom, mais il n’a jamais compris pourquoi les noms composés de chiffres posaient un problème aux autres. C’est peut être parce qu’il était différent… Certes, il avait l’apparence d’un destrinos, mais il n’en était pas un. Pas vraiment. Il n’était pas un être de chair et de sang comme toutes les créatures qui peuplaient ce monde merveilleux. Il n’était qu’un robot, un pauvre pauvre corps fait de câbles et fer. Il ne ressentait aucunes émotions, aucuns sentiments. Il ne savait ni rire, ni pleurer. Pourtant, certains vous diront qu’ils l’ont déjà vu sourire. Mais ce n’était pas un de ces véritables sourires qui viennent du cœur ; ce n’était que des sourires froids et vides. Même s’il ne les voyait pas, il sentait tous ces regards pesants sur lui. Regards de pitié, de dégoût. Il avait l’habitude.
Qu’est-ce qu’il faisait ici, au juste ? Pourquoi n’était-il pas tout simplement resté dans la pénombre et le calme de Renarhim ? Il commençait à douter de ce voyage, d’autant plus que des nuages plutôt menaçants commençaient à déborder des montagnes…
En ce jour de St Valentin, de nombreux couples de créatures avaient embarqués sur le Célestia pour passer un séjour en amoureux dans la contrée paradisiaque d’Elonia. Ils s’émerveillaient ensemble sur la beauté féerique du paysage, s’échangeaient des regards doux et des petits mots secrets chuchotés à l’oreille. Les plus âgés s’attendrissaient devant leur complicité, et ainsi un air joyeux et romantique flottait dans l’atmosphère du bâtiment flottant. Encore une fois, Z199 brisait cette bonne humeur. C’était comme si un petit nuage de tristesse flottait en permanence au dessus de sa tête. En voyant certaines créatures lui jeter des regards de reproche, il fut convaincu qu’il n’avait absolument rien à faire ici, sur ce bateau plein de joie et de couleurs qui l’amenait vers la contrée la plus belle et romantique du pays. Il était le mouton noir du bateau, seul et triste.
Il voulut s’éloigner de tout ce monde, de toute cette joie qui lui était interdite. Il partit donc vers la poupe du navire d’un pas nonchalant, fixant le parquet vernis d’un œil vide. Toutes les créatures se regroupaient à l’avant du vaisseau, afin de profiter du paysage, laissant ainsi l’arrière désert. Mais c’est ce que Z199 recherchait. Il appréciait le silence et fuyait le vivant. Seulement, il n’était pas le seul sur ce bateau à rechercher la quiétude, et le destrinos fut plutôt déçu de constater qu’une autre créature avait eu la même idée que lui.
Là, debout à l’arrière, se tenait une jolie silhouette, crins au vent, qui se découpait nettement sur le ciel envahi par les nuages. Elle était seule, fixant le paysage d’un air absent, un léger sourire sur les lèvres. Un autre mouton noir parmi tous ces couples heureux. En se rapprochant d’elle, Z199 put voir les détails de sa robe. Elle était d’un vert sombre et profond, virant au brun au niveau des pattes et du museau. Une fine tige légèrement luisante s’enroulait autour de sa patte postérieure droite et finissait en une élégante feuille se dessinant sur son flanc droit. Ses yeux étaient d’un vert éclatant assorti aux motifs naturels qui ornaient son corps, et ses crins qui semblaient si doux rappelaient le brun sombre de ses pattes.
Z199 s’approcha un peu plus, mais le bruit de ses sabots métalliques sur le parquet avertirent la jolie créature de sa présence. Elle tourna vivement la tête, posant son regard luisant sur l’inconnu s’approchant d’elle. Le cœur de titane du robot fit un bon dans sa poitrine métallique et il s’immobilisa. Quelle était donc cette étrange sensation ? Jamais il n’avait entendu battre son cœur de la sorte. C’était à la fois si doux… et si douloureux ! Il ne pouvait détacher ses yeux d’elle.
Le ciel bleu avait cédé sa place aux nuages, et bientôt une pluie fine vint s’écraser sur le pont du navire. Plusieurs créatures allèrent s’abriter, tandis que quelques unes, plus téméraires, laissèrent le ciel les mouiller. Z199 n’avait pas bougé ; la beauté de la petite destrinette le retenait prisonnier. Il laissa les fines gouttelettes s’écraser sur son corps gris et froid, faisant ainsi résonner ses entrailles robotiques. Cela se transforma en mélodie à laquelle chaque goutte de pluie frappant le métal ajoutait sa propre note. Son pauvre corps de métal devenait ainsi un instrument que la pluie faisait chanter… et vivre.
“C’est toi qui fait ce son si doux ?” demanda alors la jolie petite chose qui ne l’avait toujours pas quitté des yeux. Elle avait une jolie voix douce et chantonnante qui enveloppa tout son être. Il ne put que hocher lentement la tête.
“C’est beau !” ajouta-t-elle simplement. Elle se rapprocha de lui, plongeant ses yeux vert dans les siens.
“Comment tu t’appelles ?” lui demanda-t-elle alors.
Z199 ne répondit pas tout de suite. Il était absorbé par la beauté de son interlocutrice. Il laissa son regard se balader sur son fin museau brun, où se dessinait un jolie sourire, puis s’attarda sur les mèches mouillées de sa crinière qui lui retombait sur le front, laissant échapper de fines gouttes cristallines qui roulaient sur ses joues. Il replongea alors ses yeux bleutés dans les siens, et y trouva tellement de chaleur qu’il en fut bouleversé. Il était habitué aux regards froid de dédain ; elle était la première personne à le regarder ainsi.
Reprenant un peu ses esprits, il consentit enfin à répondre : “Z199…” puis, après un moment d’hésitation : “Mais tu peux m’appeler Zion.”
Il avait une voix métallique, grave. Le sourire de la demoiselle s’agrandit d’avantage en entendant la réponse du robot.
“C’est un jolie nom.” fit-elle se rapprochant de lui. “Moi, c’est Nature Light.”
Elle frotta son museau contre celui de Zion, signe qu’elle était ravie de faire sa connaissance. Ce simple mouvement, qui ne dura pas plus d’une seconde, dérégla tous les systèmes du robot. Durant ce bref contact, il avait pu sentir la chaleur de ce corps vivant, le sang couler à flot dans les veines, les battements d’un véritable cœur. Dans son système central, plusieurs alarmes se mirent à sonner. Disfonction des systèmes vitaux – Accélération du rythme cardiaque. Mais il ignoraient ces alertes. Il écoutait son cœur.
Nature Light se rapprocha un peu plus encore, et posa doucement son oreille contre l’encolure froide et métallique de Zion. Celui-ci n’osait pas bouger, et son cœur de titane, emporté par l’amour, se mot à ronronner. C’était un doux ronronnement métallique qui se mélangeait harmonieusement avec le son de la pluie sur le fer sombre de son corps. La belle créature, toujours appuyée contre son encolure, ferma les yeux et sourit. Elle se laissa peu à peu emportée par ce ronronnement qu’elle savait avoir provoqué. Elle frémit lorsque Zion posa à son tour sa tête sur son cou et écouta les battement de son cœur.
“Ton cœur… ronronne.” dit-elle doucement. “J’aime ce son. Comme j’aime cette musique que produit ton corps quand il pleut.”
– “… Comme je t’aime moi ?”
Elle releva la tête, surprise. A ce moment-là, Zion pensa qu’il avait eu tord de dire ça. Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu’il ait pu les retenir. Il venait sans doute de faire fuir l’unique personne, et la première, qui l’avait fait vivre.
La surprise de Nature Light se transforma alors en un doux rire qui tinta aux oreilles du destribot. Ce fut à son tour d’être surpris ; il ne s’attendait pas à la voir rire. Lorsqu’elle se calma, un grand sourire illuminait son visage et elle dit : “Tu… m’aimes ?”
– “Je t’aime.” confirma Zion, bien confiant cette fois-ci. La lueur qui brilla dans les yeux de la demoiselle le fit sourire. Mais cette fois-ci c’était un vrai sourire, venant de son cœur de métal qui s’était mis à battre. Pour elle.
Elle posa de nouveau sa tête dans son épaule, souriante, les yeux clos. Zion effleura sa belle crinière brune du bout du museau.
“Je crois que…” commença-t-elle. Puis, après une courte pose, elle chuchota : “Je t’aime aussi.”
Zion ferma les yeux, un sourire sur les lèvres. Il se rapprocha un peu plus, et elle vint se blottir contre lui. Il se sentait bien… et heureux. Il se promit alors de tout faire pour la rendre heureuse, pour ne pas la perdre, ce trésor qui lui avait permis de vivre.
Ils étaient là, debout l’un contre l’autre sur le pont du bateau, bercés par la douce mélodie que la pluie jouait encore sur le corps de métal.
9éme Place : Nidoreine et Kistou
La matinée était déjà bien avancée quand les passagers furent admis, en rangs serrés, à bord de la navette flambant neuve qui liait désormais Elonia et le continent. Deux sifflements, aussi doux que les chants d’un fleetitwik au printemps, sonnèrent le décollage du navire céleste, porté par un coussin de fumée scintillante. Les billets portant le sceau d’Aquilion, souvent achetés bien longtemps à l’avance, défilaient devant les truffes des contrôleurs, les salles se remplissaient, chacun essayant d’avoir la meilleure vue sur les paysages féeriques que la navette allait survoler.
Thétys s’engagea sur le pont supérieur avec une légère appréhension – il n’avait encore jamais volé, ni même posé les pattes sur un bateau si luxueux ; la navette, bien que conçue pour accueillir tous types de passagers, présentait une certaine classe et des services de bord de grande qualité. Le lunaris noir et blanc s’assit sur l’un des bancs encore libres et plongea la tête dans son sac de voyage, en sortant un plaid bien chaud ; les températures chuteraient au fil de la croisière aérienne. Le bateau décolla bientôt et Thétys s’appuya contre son voisin de gauche, presque sans s’en apercevoir – ce dernier, un petit lunaris à la robe zébrée de brun et de fauve, se blottit en réponse contre l’épaule de Thétys. Un peu gêné, ce dernier s’écarta vivement, déséquilibrant le petit lunaris rayé qui s’écrasa sur le pont du navire. Thétys se précipita pour l’aider à se relever et, voyant qu’il était un peu sonné, lui proposa de lui offrir un verre au bar du bateau volant.
Les deux lunaris passèrent une bonne partie du voyage à discuter autour d’un bon chocolat chaud ; Kizuato – c’était le nom du lunaris rayé – voulut s’excuser de s’être serré contre Thétys, mais ce dernier lui assura que ce n’était pas grave. À bien y réfléchir, le lunaris noir et blanc avait plutôt apprécié cette marque d’affection, plutôt rare dans sa vie ; sa famille s’était dispersée aux quatre coins de Gothicat après la mort de sa mère et le peu d’amis qu’il avait réussi à se faire à l’université de Bismarh ne l’avait plus recontacté depuis des années. Perdu dans ses pensées, il n’écoutait plus vraiment Kizuato lui raconter son périple depuis Aydo’h – le lunaris rayé fuyait la fureur de sa famille ; il aurait dû être marié, à l’heure actuelle. Son père, intriguant fortuné à la Tour d’Astisian, lui avait arrangé un mariage avec l’un des plus beaux partis de la contrée solaire, la duchesse Flora, deux fois plus âgée que lui.
Kizuato remarqua que l’attention de Thétys ne se portait plus sur ses paroles, mais sur les mouvements de sa fourrure zébrée, qui semblaient le fasciner. Kizuato s’éclaircit la gorge pour ramener son interlocuteur à la conversation et Thétys, confus, s’excusa de son inattention, s’efforçant de ne pas rougir. Décidément, cette rencontre le troublait plus qu’il ne voulait se l’admettre. Pour détourner l’attention de Kizuato, il se leva avec un grand sourire, lui proposant de retourner sur le pont extérieur, d’où ils pourraient admirer les magnifiques escaliers d’Elonia, qui assuraient autrefois la liaison entre la contrée céleste et le continent. Leurs yeux s’écarquillèrent devant la fine structure embrumée, doucement rosée dans la lumière tamisée par les nuages.
Thétys remarqua que Kizuato frissonnait, sa fine fourrure ne le protégeant pas assez du froid ambiant, et partagea son plaid avec lui, se serrant contre son épaule rayée. Kizuato ne tarda pas à poser sa tête sur l’épaule de Thétys, qui sourit. Ils restèrent ainsi à admirer le paysage jusqu’à ce que retentisse la cloche qui annonçait l’arrivée du bateau volant au port de la frontière d’Elonia. Thétys soupira ; il aurait voulu rester plus longtemps en compagnie du petit lunaris rayé, qui, pensait-il, se rendrait sûrement à la capitale, Levanos, alors que lui-même avait des affaires du côté du lac d’Usoh. Il tenta de se raisonner ; il venait juste de rencontrer Kizuato, et ne le reverrait sans doute jamais… L’intéressé le tira de sa rêverie, le remerciant pour le merveilleux moment qu’ils avaient passé ensemble. Sans réfléchir plus avant, Thétys attira vivement Kizuato à lui et l’embrassa.
Le lunaris rayé se laissa faire, sur le coup de la surprise, puis lui rendit son baiser avec la même ferveur. Ils descendirent ensemble du bateau et prirent le train à destination du lac d’Usoh ; Kizuato avait promis à Thétys de l’accompagner, ce qui avait fait bondir ce dernier de joie. Le trajet serait long, au moins trois jours ; ils auraient tout le temps d’approfondir leur relation naissante. Seuls dans leur compartiment, ils s’embrassèrent de nouveau, radieux de bonheur et d’amour.
10éme Place : Slynella et Rowenaluna
Le bateau avançait à une allure tranquille en survolant Elonia. Le soleil disparaissait à l’horizon dans un feu d’artifices de couleurs qui passaient du rouge éclatant au bleu nuit. L’astre doré balayait encore le paysage de ses derniers rayons, éclairant les grandes plaines de la contrée d’Aquilion. Le vent s’était levé en fin d’après-midi, soulevant des pétales gracieux et des feuilles dansantes, pour créer un tourbillon d’or qui filait vers le couchant.
La brise légère faisait trembler les drisses et les cordages, composant ainsi une étrange mais harmonieuse mélodie qui se fondait dans les notes jouées par les musiciens situés à la poupe.
Sur le pont, de nombreuses créatures déambulaient, profitant des ultimes rayons de soleil de la journée. Parmi eux, un Lunaris au pelage flamboyant, qui s’était accoudé au bastingage, au plus près de la proue. Il rêvait, laissant la brise ébouriffer son pelage écarlate, tout en écoutant d’une oreille distraite ce que lui racontait un de ses amis.
Ce fut en ces circonstances qu’il sentit son regard perçant, qui le fixait d’une manière attentive. Cela faisait un moment qu’il avait cette étrange impression, que l’on éprouve lorsque l’on est observé ; mais cette fois-ci, il eut l’intuition que la personne responsable de son doux malaise voulait qu’il se retourne.
Tournant légèrement la tête, il scruta à son tour la foule compacte des passagers, cherchant cet observateur muet et anonyme. Enfin, il le remarqua.
Il se tenait debout, droit et fier, à la poupe. C’était un Deereindir, à la soyeuse robe d’ombre et de lumière, aux bois noirs et élégants. Son pelage était parsemé d’étoiles qui semblaient briller avec les derniers éclats solaires. Lorsque le regard d’or du Lunaris passa sur ses yeux énigmatiques, bleus comme du cristal, le loup sentit un frisson lui parcourir l’échine et crut durant un instant que le gracieux inconnu riait. Mais il avait déjà détourné la tête.
— Warden ? Tu m’écoutes ?
Son ami le tira de sa rêverie et il secoua la tête pour chasser les pensées qui l’habitaient. Il sentait, dans sa poitrine, son cœur battre à toute allure comme après un dur effort physique. Sans un mot, il acquiesça tandis que son ami, rassuré, continuait son histoire rocambolesque.
Warden était perturbé. C’était la première fois qu’il se sentait… différent après avoir regardé quelqu’un droit dans les yeux.
Assis devant une assiette à laquelle il n’avait pas touché, Warden soupira lorsqu’un de ses amis lança pour la énième fois une plaisanterie. Il n’avait ni mangé ni bu depuis le commencement du repas, ni même participé à la conversation. À dire vrai, il n’avait rien fait depuis qu’il avait croisé le regard de ce mystérieux Deereindir.
Et ce, d’autant plus que depuis quelques minutes, il sentait que celui-ci l’observait de nouveau, guettant ses moindres gestes, se délectant de ses mouvements. Comme pétrifié, il n’osait bouger, même pour avaler quelque chose alors que la faim lui tiraillait le ventre.
Prudemment, il se retourna. Le Deereindir se trouvait deux tables derrière lui et le regardait fixement, avec un petit sourire en coin. Il pencha la tête, lui faisant signe de le rejoindre. Le Lunaris ne bougea pas, essayant de se concentrer sur ce que disaient ses amis et de manger un morceau de viande.
Finalement, ne supportant plus cette présence silencieuse, il se leva précipitamment, manquant de renverser la table et un serveur qui s’apprêtait à prendre la commande des desserts. Ses amis le regardèrent étrangement mais il n’y prêta guère attention. Il avait besoin d’air.
Warden sortit sur le pont. Le vent soufflait plus fort qu’en fin d’après-midi et le bateau, pris dans les bourrasques, tanguait légèrement. Prenant appui sur le mât, le loup s’approcha de la poupe, à l’endroit où l’observateur se tenait un peu plus tôt dans l’après-midi. Là, il s’accouda de nouveau au bastingage, laissant son regard parcourir l’horizon chargé de lourds nuages noirs.
Le Lunaris n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait à l’intérieur de lui-même. D’ordinaire, il arrivait à contrôler ses émotions et ne les laissait jamais sortir s’il ne le souhaitait pas. On lui avait même reproché à plusieurs reprises de ne pas avoir de cœur. Mais là, c’était différent. Dès que le Deereindir se trouvait près de lui, il avait l’impression de flotter sur un petit nuage, même si une angoisse palpable l’empêchait de faire le moindre mouvement.
Soudain, il sentit une présence, sa présence derrière lui. La créature le frôla pour venir s’accouder à ses côtés. Puis tournant la tête, le Deereindir fixa un instant le Lunaris qui n’osa prononcer la moindre parole.
— Bonjour Warden. Je suis Daeren.
À cet instant, une violente bourrasque fît pencher le bateau et Warden, trop surpris, trop terrifié pour réagir, bascula par-dessus bord. Battant l’air de ses pattes, il hurla tout en cherchant quelque chose pour se rattraper. Un violent coup sur sa nuque le fit gémir mais le bruit se perdit dans le vent qui, tout autour de lui, pleurait et criait et rugissait à présent.
Sa chute dura une éternité pour le loup. Il tombait, sans rien pour s’accrocher et ralentir sa descente aux Enfers, dans un monde plongé dans le noir. Parfois, selon les caprices de nuages orageux, il apercevait de petites lumières dorées qui tremblotaient un instant avant de disparaître à nouveau. Le sol ne se rapprochait pas et semblait, au contraire, s’éloigner de plus en plus. La pluie lui fouettait le visage, glissant le long de ses poils rouges, pénétrant au plus profond de la fourrure, le faisant frissonner et grelotter à cause de ce froid qui s’insinuait sournoisement dans ses veines.
Un instant, il lui sembla que les parois du gouffre profond, sans fin, qui s’enfonçait dans les profondeurs de Gothicat se rapprochaient et Warden se sentit suffoquer dans cette espace trop petit. Et soudain, tout s’arrêta.
Sous son corps endolori, il pouvait sentir quelque chose de chaud et moelleux comme un nid duveteux. Il s’étira en douceur sur cette surface agréable, qui avait stoppé sa chute – pourtant, nul souvenir d’un quelconque choc de l’atterrissage. Le vent avait cessé de siffler dans ses oreilles pour laisser place à un morceau de musique classique, au tempo tranquille et apaisant.
Battant des paupières, Warden ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt, gêné par une forte luminosité si différente de l’obscurité de sa chute. Plus prudemment, il inspecta le lieu où il se trouvait. Allongé sur le dos, il ne pouvait voir au-dessus de lui qu’une immense étendue blanche, semblable à un champ de nuages.
— Suis-je mort ? demanda-t-il, inquiet.
— Non, répondit une voix de ténor, chaude et mélodieuse.
Le Lunaris tressaillit et se redressa rapidement, croyant reconnaître la voix de Daeren, le ténébreux Deereindir. Mais des vertiges le saisirent et quelqu’un le força à se recoucher.
— Qui êtes-vous ? questionna le Lunaris, en se laissant faire.
— Je croyais m’être présenté, il y a une heure à peine, rit aimablement la voix.
— Daeren ? Que me voulez-vous, à la fin ?!
— Pour le moment, simplement te soigner. Après ta chute, tu délirais complètement, alors je t’ai conduit jusqu’à ma cabine en attendant que tu te calmes. Après, cela dépendra de toi …
Le Deereindir l’aida à s’asseoir, puis prit place près de lui. Le Lunaris frissonna en sentant le contact de son corps contre le sien. Mais, étrangement, il se sentait bien. La peur qu’il éprouvait auparavant s’était comme envolé, laissant simplement derrière elle une sensation de bien-être. Les deux créatures restèrent ainsi durant quelques minutes sans qu’aucun ne souhaite rompre le silence.
Daeren tourna un instant la tête et ce mouvement permit au loup de humer son odeur. Il sentait les sous-bois où le soleil ne pénètre pas, avec la mousse et les arbres encore tout humides de rosée au milieu de la journée.
Ils se regardaient maintenant. L’angoisse qu’il ressentait auparavant l’avait quitté et Warden trouva apaisant de se plonger dans l’immensité bleue des yeux du cervidé. Celui-ci esquissa un geste, rapprochant son visage du sien. Il ne recula pas, attendant. Leurs deux têtes se collèrent et il ferma ses yeux, profitant de l’instant. Un instant, il fixa la bouche du Deereindir, près, si près, croyant que… Non, impossible, se morigéna-t-il intérieurement.
Enfin, ils se séparèrent et Daeren brisa le silence.
— Je suis désolé si je t’ai fait peur … mais je voulais à tout prix avoir ton attention, que tu saches que j’étais là.
— Je pense que ton manège a marché correctement, sourit le Lunaris tout en lui donnant un léger coup de tête affectueux.
Les deux créatures passèrent le reste de la nuit à parler de tous les sujets leur passant par la tête, du plus insignifiant au plus intéressant. Leurs propos n’avaient pas toujours de sens mais ce que chacun voulait, c’était passer du temps avec l’autre.
Le reste de la semaine continua comme cette première soirée. Daeren et Warden passaient leurs nuits ensemble mais durant la journée, le Lunaris restait avec ses amis même s’il lui arrivait de s’éclipser régulièrement pour rejoindre son compagnon.
Un soir, cependant, le Deereindir l’invita à diner dans sa cabine, en tête à tête. Une petite table ronde avait été installée et deux couverts mis. Une bouteille de champagne attendait dans un bac de glace tout comme les petits plats posés sur la commode en bois. Son hôte l’invita à s’asseoir puis pris place en face de lui. Il remplit sa coupe et la porta à ses lèvres en murmurant :
— A nous.
Warden l’imita, se délectant du breuvage sucré et finement bullé, puis, attrapant le plat que son compagnon lui servait, il se servit et commença à manger. Le reste du repas se passa en silence, chacun dégustant à son rythme les différents mets préparés par le cuisinier du bord.
Au moment de passer au désert, le cervidé se leva et attrapa dans une corbeille, une énorme grenade rouge. La posant dans son assiette, il la coupa en deux puis en tendit la moitié à Warden qui s’en saisit. Celui-ci n’avait plus très faim, alors, il se contenta d’un seul pépin qu’il croqua avec délicatesse.
— Ce dîner a-t-il été à la hauteur de tes attentes ? demanda le Deereindir en se resservant une coupe de champagne.
— Même mieux que ce que j’espérais …
Warden jeta un coup d’œil à l’horloge située au-dessus de la porte. Elle indiquait dix heures passées. Il se souvint soudainement qu’il avait promis à ses amis de les rejoindre après le dîner pour une partie de belote.
— Il est temps pour moi de partir … J’ai une partie de cartes qui m’attend …
— J’aurais apprécié que tu restes plus, mais si on t’attend, alors vas-y.
Le Lunaris remercia son hôte et sortit de la cabine. D’un pas rapide, il parcourut le couloir qui menait au pont. Il se sentait mal à l’aise d’abandonner ainsi Daeren.
Une fois qu’il fut dehors, il marqua une pause, laissant son regard balayé l’horizon clair. Cette nuit-là était si différente de celle durant laquelle il avait rencontré le Deereindir. On distinguait nettement les étoiles malgré la Lune qui, toute ronde, illuminait le paysage nocturne. Les nuages joueurs passaient devant elle, cachant, à intervalles irréguliers, sa face blanche.
Dans sa poitrine, le loup pouvait sentir son cœur battre en rythme avec le léger roulis du bateau volant, provoqué par une brise légère et apaisante. Il resta là de longues minutes, savourant la beauté du monde qui s’étendait devant lui.
Dans sa bouche, il pouvait encore sentir le goût de cette grenade offerte par Daeren et dont il n’avait croqué qu’un seul et unique pépin.
Daeren. Il lui semblait voir le nom flotter devant ses yeux, qu’une petite voix le lui murmurait à l’oreille. Alors il comprit.
— Nous jouerons aux cartes une prochaine fois, murmura-t-il en tournant les talons.
Le Lunaris se mit à marcher de plus en plus rapidement pour rejoindre au plus vite la cabine de son compagnon. Sans même frapper, il entra dans la pièce, le cherchant du regard. Il était là, couché sur le canapé. Warden s’arrêta sur le pas de la porte tandis que le Deereindir le dévisageait en souriant.
— Viens, proposa-t-il en lui faisant un peu de place sur le divan.
Warden ne se le fit pas dire deux fois et s’allongea à ses côtés, respirant à plein poumon son parfum qu’il aimait tant. Le regarda droit dans les yeux. Et, enfin, prononça trois mots qu’il n’avait encore jamais prononcé, trois mots qui veulent dire tant de choses, trois mots qui changeraient sa vie.
— Je t’aime.
Daeren le regarda tendrement et colla sa tête à la sienne. Le Lunaris ferma les yeux, se laissant aller à un doux repos auprès de son âme sœur. Il se remémora leur rencontre ; et puis l’unique pépin de grenade. C’est à son monde que j’appartiens.
Il lui sembla alors entendre le cervidé susurrer à son oreille, de sa belle voix de velours, exquise et tentatrice :
— Tu es à moi, désormais.
Merci à tous d’avoir participé à ce concours. Comme vous pouvez le voir, niveau texte et dessin il y a de tout et pour tous les genres ! ^^
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