A travers cet article, je vous emmène en voyage dans la Vallée de Katmandou, que j’ai visitée en 2014, juste un peu plus d’un an avant la catastrophe. Comme son nom l’indique, cette vallée s’étend autour de Katmandou, la capitale du Népal, et elle a été inscrite dans son entièreté au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, pour la valeur architecturale, historique et culturelle de ses monuments. Là-bas, j’avais été marquée par la beauté de l’architecture newari, tout en délicatesse, par la magnificence des temples, pour certains plusieurs fois centenaires, ainsi que par l’atmosphère des lieux, un mélange de sérénité et de dévotion omniprésentes. Mais de nos jours, on estime que plus de la moitié de ces monuments grandioses n’existent tout simplement plus…
Il y a deux ans, le 25 avril 2015, le Népal connaissait une série de séismes dévastateurs qui touchèrent gravement le pays. Le tremblement de terre, de magnitude 7.8, fut le plus important que la région ait connu ces 80 dernières années, provoquant des pertes humaines énormes : plus de 9’000 morts et 22’000 blessés. La catastrophe a aussi grandement touché l’urbanisme avec près d’un demi-million d’habitations détruites, laissant ainsi derrière elle un grand nombre de personnes à reloger, mais aussi en réduisant en poussière quelques-uns des monuments culturels et religieux les plus importants du pays. Une tragédie à bien des égards, donc, et malheureusement lourde de conséquences dont certaines, loin d’être un mauvais souvenir, posent encore d’énormes problèmes aujourd’hui.
A l’époque, les journaux ont publié des photographies de la catastrophe pour exprimer son ampleur, mais on ne se rend vraiment compte de celle-ci qu’en pouvant comparer les lieux avant et après leur destruction.
Je précise que seules les photos datant de 2014, soit celles montrant le Népal avant le séisme, sont de moi. Les autres sont des photographies libres de droits empruntées à internet.
A Patan, ancienne cité royale, on trouve aussi un superbe Durbar Square qui, malheureusement, a également souffert lors du séisme : 50% de ses constructions se sont effondrées. Le temple de gauche (première photo) et celui du fond (deuxième photo) ont été entièrement détruits.
Cela n’est bien sûr qu’un aperçu des dégâts, de ce qui reste en témoignage de ce triste événement, puisqu’on estime qu’en tout plus de 700 monuments ont été, au minimum, endommagés, au pire, entièrement détruits. L’héritage monumental du Népal a été gravement touché et même si un bâtiment peut toujours se reconstruire, c’est toute une part de l’histoire du pays qui, elle, est définitivement perdue. Toutefois, il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. En effet, même si les murs n’en gardent pas trace, le séisme a aussi eu sur les hommes des répercussions qui n’en sont pas moins tragiques.
La situation aujourd’hui
L’actualité internationale n’en parle pas souvent. Les médias ne lui font pas la part belle. Pourtant, deux ans après le séisme de 2015, le Népal n’a pas encore réussi à se relever. On aurait pu croire qu’avec l’aide apportée par les ONG étrangères et quelques organismes privés, les blessés seraient rapidement pris en charge en remis sur pied. Malheureusement, dans un pays où les infrastructures médicales font cruellement défaut, où le personnel médical qualifié est en sous nombre (7 personnes pour 10’000 patients !) et où le gouvernement est particulièrement instable (le pays a connu 24 gouvernements différents en 26 ans) les choses n’ont guère de chance de se passer aussi aisément.
Tout d’abord, la majorité des victimes physiques du séisme ont été obligées de se rendre jusqu’à Katmandou pour s’y faire prendre en charge, ne trouvant aucun lieu adapté aux soins dans leurs régions respectives. De fait, les cliniques et hôpitaux de la capitale ont très vite été pris d’assaut et n’ont jamais désempli depuis. Oui, vous avez bien lu, cela fait effectivement deux ans maintenant que des blessés de 2015 sont encore en attente de soins. Mais il y a peut-être pire encore : parmi ceux qui ont pu se faire soigner, nombreux sont ceux dont les blessures n’ont pas été correctement traitées ou qui n’ont tout simplement pas pu être rééduquer, toujours faute de structures adaptées. Le résultat ? Environ 3’000 personnes (il s’agit d’une estimation, les chiffres exacts n’existant pas) qui souffrent désormais de handicaps permanents, allant des plus légers (raideurs articulaires) aux plus graves (tétanos, qui peut par ailleurs évoluer en paralysie totale).
D’un point de vue plus matériel, la reconstruction est lente, elle aussi. Les sites principaux sont en chantier depuis deux ans et la population se plaint du peu d’avancement des travaux. Le patrimoine culturel du Népal a pourtant toujours été un facteur important de tourisme, attirant des curieux venus du monde entier, et le remettre debout permettrait d’attirer à nouveau les visiteurs et de récupérer ainsi la principale source de revenus du pays.
Les raisons d’espérer
Il ne faut cependant pas tout voir en noir. Pour reprendre ce qui vient d’être dit, après une année placée presque au point mort sur la question du tourisme, celui-ci revient gentiment. Par chance, le Népal est particulièrement riche de par son environnement (en particulier ses montagnes parmi les plus hautes du monde) et sa beauté naturelle, ce qui en fait un véritable paradis des trekkeurs qui, eux, ne boudent désormais plus la région.
J’aimerais clore cet article sur un cas de restauration parfaitement menée à bien, mais aussi très symbolique. Il s’agit du site de Bodnath (ou Bouddhanath), l’un des plus importants du Népal. Dans un pays majoritairement hindouiste (81% de la population), Bodnath est un éminent sanctuaire bouddhiste (9% de la population) composé d’un stupa géant entouré de nombreux monastères.
Le stupa fut relativement épargné par le tremblement de terre de 2015, mais son mât ainsi que son harmika, sur lequel on peut voir les yeux de Bouddha, durent être retirés pour assurer la protection du monument. Pendant plus d’un an, n’est resté que le triste spectacle d’une photographie pour rappeler l’ancien visage du lieu.
Mais grâce à l’aura religieuse de Bodnath à travers le monde, de nombreux donateurs privés ont financé la reconstruction et, en un an et demi, le stûpa a pu être entièrement rénové. Quatre jours de cérémonies religieuses ont accompagné la fin des travaux.
Enfin, depuis un an environ, une autorité nationale pour la reconstruction du Népal a enfin été mise en place. En redistribuant correctement les fonds destinés à la restauration, nous pouvons espérer un léger mieux au cour des prochaines années. Même si bon nombre des séquelles, en particulier humaines, restent malheureusement irréparables, il y a encore de quoi espérer pour le Népal.