Hello ! Aujourd’hui, nous faisons un bond en arrière dans l’histoire. Quoique j’ai conscience que les visites au musée ne soient pas au goût de tout le monde, tentons de faire un peu de poussière ! Je vous propose de découvrir une époque à travers des œuvres, ici celles du classicisme !
“Visite de Louis XIV à la manufacture des Gobelins” de Charles Le Brun (1667) – Nous avons donc l’esquisse de base à gauche et la version finale de l’autre côté. Il s’agit d’une tapisserie dont le temps de production n’a duré pas moins de six ans ! Les héros représentés sont de simples artisans et artistes. Leur travail est mis en avant, en contraste avec d’autres œuvres symbolisant des légendes et non la réalité. Observez le travail des corps qui plient sous le poids des charges. Le roi, placé en retrait, contemple ce chantier. C’est un témoignage de l’époque, notamment avec la grandeur des meubles, créés spécialement dans cette fabrication pour une haute société et pour redorer l’image de cette dernière. Cela s’appelle de la propagande, mais nous y reviendrons par la suite !
Le classicime, qu’est-ce que c’est ?
Le classicisme est un mouvement artistique, mais touche d’autres domaines comme la politique, l’écriture et la philosophie. Il se développe en France entre le XVIIe et XVIIIe siècle. Il consiste à représenter des sujets réalistes mais idéalisés. L’objectif n’est pas de représenter la vérité mais de faire croire que leurs œuvres pourraient exister réellement. Pour cela, les peintres s’inspirent des œuvres de l’Antiquité, de la mythologie gréco-latine et de la Renaissance. Ils recherchent un certain ordre. Par exemple, la composition des tableaux est souvent symétrique, dans un souci d’équilibre de la nature. Le plus souvent, leurs peintures ont un sens moral, en symbolisant la victoire et la raison. De plus, leur but est de plaire tout en instruisant le spectateur. Les personnages sont toujours représentés en entier et dans une taille plus petite que celle de la réalité. Comme pour la littérature classique, l’artiste doit respecter des règles de bienséance. Il peut représenter des scènes de violences et de cruauté mais doit bannir la vulgarité. La définition que l’on donne aujourd’hui au classicisme n’a été adoptée qu’à la fin du XIXe siècle, bien que le terme soit apparu dès la Renaissance (fin XVe – fin XVIe).
“Le Jugement de Salomon” de Nicolas Poussin (1649) – Ce tableau démontre une reprise de thèmes plus anciens. Il s’agit d’une scène de justice entre deux femmes : elles ont chacune un enfant mais l’un d’eux est mort. Elles appellent à un procès pour savoir à qui est l’enfant survivant. Une des femmes propose de couper l’enfant en deux (moment gore, attention !), ce qui reviendrait à le tuer. L’autre femme s’écrit alors qu’elle préfère laisser l’enfant à son ennemi. Elle prouve qu’elle est la véritable mère car elle souhaite le voir vivant et séparé d’elle plutôt que mort. Le message véhiculé est particulièrement apprécié des artistes de l’époque, tels que Jean-Baptiste Wicar, Raphael et Valentin de Boulogne, dont un tableau représente la même scène. De plus, la composition pyramidal, comme ci-dessous, rappelle les règles du classicisme et le triangle de la justice. Salomon est le seul juge. Pouvez-vous deviner qu’elle est la vraie mère de la fausse à leur position ?
Celle de gauche, ouvre les bras, suppliant, tandis que l’autre porte un doigt accusateur, geste agressif et placé au centre. La femme à gauche est donc la mère de l’enfant. Et l’histoire se termine bien !
Un peu d’histoire
A cette période, la monarchie absolue mise en place par Louis XIII et Louis XIV s’appauvrit. Cependant, le pouvoir français veut s’afficher comme étant puissant et possédant des valeurs morales. Le roi commande des tableaux pour se présenter dans le luxe et la magnificence. Ces œuvres sont donc des œuvres de propagande au service de la politique. Le terme de “propagande” n’a pris ce sens qu’à la Révolution française ( entre 1789 et 1799) et n’était pas péjoratif à l’origine. Charles Le Brun et Hyacinthe Rigaud sont les artistes les plus célèbres ayant peint les portraits souhaités par le roi Louis XIV.
“Louis XIV” de Hyacinthe (un homme, je précis) Rigaud (1701) – Tous les symboles de pouvoir sont là pour glorifier le sujet. A gauche, de bas en haut : la main de justice, la couronne royale et le sceptre. Sur le personnage : la croix de l’ordre de St Louis, l’épée de Charlemagne et la cape d’hermine ornée de lys. Remarquez les petits talons et les collants, très à la mode à l’époque !
Ensuite, Napoléon Ier commande, pour les mêmes raisons que Louis XIV, des représentations victorieuses de lui-même. Jacques-Louis David se voit confier la réalisation de quatre tableaux dont “Le sacre de Napoléon”, ci-dessous. Ce tableau aura coûté 65 000 francs soit environ 10 000 euros pour les deux ans de travail entre 1805 et 1807. Il est immense : dix mètres sur plus de six et symbolise l’union des Français autour de l’empereur. Cependant, bien qu’une ambiance solennelle ressorte, la religion est à l’arrière. En effet, le pape Pie VII, assis et passif, a béni auparavant la couronne. Mais Napoléon se couronna lui-même, et couronna l’impératrice Joséphine (c’est ce moment qui est peint). David a pris quelques libertés en rajoutant des personnages qui n’étaient pas présents lors de la cérémonie : par exemple, la mère de Napoléon au centre du tableau. De plus, David s’est dessiné en compagnie de sa famille, de ses élèves et de son maître de peinture. A cette période pour devenir peintre, il fallait commencer un apprentissage dès l’âge de douze ans avec un artiste reconnu. Les élèves s’entraînaient au dessin en recopiant des tableaux et en observant des sculptures. Ensuite, ils peignaient des détails particuliers des tableaux. Ainsi, la plupart des œuvres ne sont pas uniquement de la main du maître car sans le titre de maître, il était interdit de vendre ses peintures. Certains étaient spécialisés dans les décors par exemple.
“Le sacre de Napoléon” de Jacques-Louis David (1807)
Petits détails
Vous êtes encore là ? Je ne vous ai pas perdu à travers les dédales des salles, tant mieux. Calie ne me l’aurait pas pardonné ! Voilà les derniers tableaux que j’ai sélectionné pour terminer, pour le travail remarquable en terme de peinture (même si en vrai, c’est mieux qu’en photo) :
“L’apparition du Christ aux pèlerins d’Emmaüs” de Laurent de La Hyre (1656) – Tableau exécuté l’année de la mort du peintre, l’atmosphère qui s’en dégage est sereine. Le résultat de la couleur et des ombres des toges est dû à un travail acharné. Le lieu, peint en extérieur où des palmiers, des bouleaux et des conifères s’épanouissent, montre la présence de la nature. A l’époque, la perspective est acquise, ce qui n’a pas toujours été le cas : les escaliers produisent un effet de profondeur. J’aimerais souligner l’ombre sur le haut des marches, parfaitement exécutée. Nous retrouvons la composition pyramidale.
“Le jugement de Pâris” de Claude Lorrain (1645-1646) – Le thème pris de la mythologie grecque et la présence de la nature font de ce tableau un résumé des règles du classicisme. Eris, mécontente de ne pas avoir été invitée à un mariage, décide de laisser, en guise de vengeance, une pomme d’or. Le fruit doit être destiné à “la plus belle”. Héra, Athéna et Aphrodite sont ainsi en compétition pour savoir à qui elle revient. C’est Pâris qui est chargé de juger. Ici il tend le bras vers celle qu’il a choisi : la déesse de l’amour, Aphrodite. Cependant, en échange, elle lui a promis qu’Hélène l’aimerait. Le ciel et les arbres sont criants de réalisme. Voyez comme le regard peut porter loin à l’horizon. Pierre Paul Rubens, Joachim Wtewael, Cranach l’Ancien, Marcantonio Raimondi et Frans Floris ont aussi représenté cet épisode à leur manière.
Pour résumer, la peinture classique utilise la perspective et les proportions pour créer une œuvre idéalisée. Le sujet appelle le spectateur à la réflexion et a une portée morale.
Je me réjouissais de lire cet article et je ne suis pas déçue! Vraiment très intéressant, bravo et merci.
Wow,superbe article très bien rédigé!
Un peu de révisions pour le bac ne me fait pas de mal XD
Merci, j’ai vraiment beaucoup apprécié les oeuvres et les commentaires (et quelques exemples de plus pour l’oral!).