L’île de Bali, en Indonésie, est aussi célèbre pour ses plages de rêve que pour ses temples magnifiques. Paradis des touristes, c’est aussi un lieu où les traditions perdurent, très ancrées dans la culture et dans chaque aspect du quotidien. Les danses en font partie, mêlant plusieurs genres d’arts tels que la musique, bien sûr, ou encore le théâtre ; mais y transparaissent aussi des thèmes bien plus profonds, des mythes et une histoire qui ont survécu au passage du temps.
Il existe un certain nombre de danses traditionnelles balinaises, mais trois sont particulièrement connues. Même si, aujourd’hui, avec le tourisme massif que connait l’île, on peut aisément assister à une représentation de l’une de ces danses, ce sont des spectacles qui, à l’origine, se tiennent dans un cadre religieux plus confidentiel.
Malgré tout, c’est un vrai bonheur que d’assister à l’un de ces spectacles envoûtants, qui conservent tous encore un petit quelque chose de magique.
Le Legong
Le legong est une très belle danse, qui met en scène de jeunes filles dont l’âge va de 5 à 14 ans. Être choisie pour le danser est perçu comme un véritable honneur. Considéré comme une représentation du ballet céleste des nymphes, le legong est censé exprimer la grâce et la féminité à leur état le plus pur.
La musique qui accompagne cette danse est jouée au gamelan : il ne s’agit pas d’un instrument seul, mais un ensemble instrumental composé de percussions. Le legong est par ailleurs très compliqué à danser car extrêmement précis ! En effet, le moindre geste est déterminé par avance : les mouvements des mains, des doigts et même les expressions faciales.
Cependant, l’histoire que raconte ce ballet est loin d’être douce et romantique comme pourrait le laisser croire cette danse si délicate ! On y suit en effet un roi qui, après avoir rencontré une princesse et être tombé amoureux d’elle, capture celle-ci et l’enferme dans son palais. Le frère de la princesse lui déclare alors la guerre. Dans la scène finale, le roi est tué au combat.
Le Barong
Le barong tient son nom d’une créature mythique qui représente les forces du Bien. A l’opposé, on trouve Rangda, la reine des sorcières, qui, elle, incarne le Mal. Bien et Mal, selon la croyance balinaise, coexistent de façon égale à travers le monde, ce qui créé un juste équilibre. De fait, la danse du barong ne désigne jamais de vainqueur entre l’une et l’autre de ces deux entités.
Si la religion principale de l’île de Bali est l’hindouisme, le barong révèle un culte bien plus ancien, qui a survécu depuis un temps où l’on vénérait encore des animaux protecteurs. En ce sens, la figure du barong est à rapprocher de celle d’un lion.
Lors de certaines cérémonies, comme les cérémonies de purification, il peut arriver que le ballet du barong soit représenté. Il donne alors souvent lieu à des épisodes de transe.
Cette danse nous narre l’histoire du prince Sadewa, qui doit être sacrifié à la Déesse de la Mort. Le dieu Siwa prend alors pitié de lui et décide de le rendre immortel. Arrive ensuite la Déesse de la Mort elle-même qui, impuissante à tuer le prince, demande à mourir, pour prix de son échec. Siwa accepte et la tue. Puis c’est la prêtresse de la déesse qui demande à son tour à mourir, mais cette fois-ci, Siwa refuse. La prêtresse passe alors par diverses transformations avant de se changer finalement en sorcière : c’est Rangda. En réponse à cela, Sadewa se transforme à son tour et devient le Barong : tous deux luttent l’un contre l’autre accompagnés de leurs serviteurs respectifs, mais étant de force égale, il n’y a pas de vainqueur.
Le Kecak
Le kecak (à prononcer « ketchak ») est une danse très particulière et sans doute ma préférée, car celle qui fait ressentir la plus grande gamme d’émotions. Elle tient son originalité du fait qu’aucun instrument de musique n’intervient ; c’est un chœur d’hommes, entourant les danseurs, qui « chante » la musique en produisant une série de bruits avec leur bouche : chak-a-chak-a-chak (d’où le nom de kecak). On appelle ceci des percussions vocales, et cela créé une ambiance très particulière, presque hypnotique.
L’histoire que cette danse raconte est tirée de la célèbre épopée du Ramayana, l’un des mythes fondamentaux de l’hindouisme. L’aspect rituel est très présent durant toute la représentation, mais également en amont, lorsque les chanteurs se font bénir avant que le spectacle commence.
Le Ramayana conte l’épopée du prince Rama. Dans cet épisode, nous retrouvons une nouvelle fois le thème de l’enlèvement : Rama et son épouse Sita se sont retirés dans la forêt. Là leur apparaît une gazelle dorée que Rama poursuit pour la chasser, laissant Sita seule. L’apparition de l’animal merveilleux est en réalité un piège préparé par le Rakshasa (= démon) Ravana, qui profite de l’absence de Rama pour enlever Sita.
De retour, Rama part à la recherche de son épouse, aidé par le dieu Hanuman et son armée de singes. Mais tout est bien qui finit bien car Rama vient à bout des Rakshasa et sauve Sita.
Crédits photos : Brionie