Souvent appelés simplement « GN » (pour « Grandeur Nature »), les jeux de rôle grandeur nature constituent un loisir d’un genre un peu particulier, dont vous avez peut-être déjà entendu parler.
Popularisés dans les années 80, les GN tendent à être de plus en plus en vogue à notre époque, non seulement de l’autre côté de l’Atlantique (où ils eurent toujours un vrai succès), mais à présent aussi en Europe. Quel en est le principe ? De prime abord, cela semble assez simple, bien que les règles se conjuguent à l’infini et se révèlent souvent très précises. Ici, nous nous contenterons de résumer les choses dans les grandes lignes : un GN est, comme son nom l’indique, un jeu inspiré des traditionnels jeux de rôle (en livre, sur plateau…) mais transféré dans un environnement réel, en « grandeur nature », où les joueurs ne se contentent plus de créer un personnage sur une feuille de papier, mais incarnent eux-mêmes celui qu’ils ont décidé d’être.
Dès lors, il s’agit en grande partie de tenir un rôle, jouer, improviser… Ce genre emprunte donc au théâtre, mais pas uniquement. Des reconstitutions historiques sont souvent mises en place, surtout lorsque le jeu se déroule dans un univers « réel », mais à une époque révolue (le Moyen Âge, très souvent) ou qu’il a comme objectif de retracer une célèbre bataille (les reconstitutions des batailles de la guerre de Sécession, notamment, sont courantes aux Etats-Unis). Les reconstitutions peuvent concerner aussi bien l’environnement (des bâtiments, voire même un village entier) que les costumes et les accessoires utilisés. Car le GN est un art précis !
Tous les univers de GN ne se rapportent cependant pas forcément au nôtre. Certains en sont seulement inspirés, tandis que d’autres encore découlent directement d’œuvres de fictions connues (Le Mythe de Cthulhu d’H.P. Lovecraft, Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien ou encore Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle). Enfin, on voit de plus en plus de scénarios tirés de jeux vidéo, de grandes sagas de cinéma et de séries TV, comme The Walking Dead pour n’en citer qu’une.
Choisissant d’exploiter un univers réel, préexistant ou totalement original, se déroulant dans le passé, le présent ou le futur, il existe une variété très dense de GN et autant de joueurs convaincus. Pour résumer, on pourrait dire que la définition du Jeu de Rôle Grandeur Nature est très souple et ne se limite pas à un nombre de joueur, à un contexte particulier, ni à un style de jeu. Est GN tout ce qui permet de vivre quelques instants dans la peau d’un personnage fictionnel, d’en côtoyer d’autres, et, surtout, de s’amuser à le faire ! Si l’on ne devait garder qu’un seul terme pour tenter de définir ce loisir, ce serait probablement le principe d’immersion.
Quelques GN connus
Le Mind’s Eye Theatre est non pas un seul, mais toute une collection de GN américains basés sur un même univers de fiction d’inspiration fantastique/surnaturelle, le Monde des ténèbres. S’y côtoient loups-garous, vampires et autres créatures magiques, dans une quinzaine de scénarios existants.
Au Canada aussi, les GN ont leur petit succès. Les Terres de Bélénos et Le Duché de Bicolline sont deux jeux de rôles québécois se déroulant chacun dans un univers d’inspiration fantasy et médiévale. Basés sur des créations originales complexes, ces GN misent beaucoup sur le réalisme.
Les décors sont soignés, le système politique poussé, et le tout s’articule autour d’une grande diversité de guildes, races, nations et même de divinités. De nombreux événements sont organisés dans le cadre de ces GN, allant des inévitables batailles (la Grande Bataille annuelle de Bicolline réunit régulièrement entre 1’500 et 2’000 participants !) aux fastueux banquets, en passant par les bals, les tournois sportifs et même les cérémonies de remises de prix aux joueurs !
Et la France n’est pas en reste. Celle-ci a notamment importé l’univers gothique du Mind’s Eye Theatre, projet auquel participent aujourd’hui pas moins de 14 villes (parmi lesquelles Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Montpellier ou encore Grenoble) et plus de 500 joueurs réguliers.
De nombreux autres GN y ont également cours, parmi lesquels Berry Champ de Batailles (qui, comme son nom l’indique, organise régulièrement des batailles médiévales), La Ruée vers l’Or (qui pour sa part a choisi de coller au genre du western), La Belle Parisienne (situé dans le Paris du XIXe siècle), Silo 0 (où la science-fiction est à l’honneur), ou encore Le Sel de la Terre (inspiré de Game of Thrones)…
Le reste de la francophonie s’y est bien sûr mis aussi. Si vous êtes belge, vous pourrez par exemple profiter du célèbre Ragnarok. En Suisse, Azoria est un GN qui rencontre lui aussi son petit succès.
Enfin, si le principe de jeu et d’immersion vous intéresse mais que vous n’avez pas assez de temps à consacrer à un GN classique, vous pouvez toujours vous rabattre sur ses cousins plus ou moins éloignés, à savoir Murder Party, Escape Ball et même, dans une certaine mesure, le Paint Ball.
Photos @ Wikimedia Commons
oh superbe article 😮 je connaissais ce genre de pratique mais pas avec autant de détail!