Rapa Nui, l’Île de Pâques, minuscule au cœur de l’Océan Pacifique, un endroit comme nul autre. A 5h30 de vol de Santiago du Chili, cette terre de légende reste, au monde, la plus éloignée de toute autre terre habitée.
Ici, l’on vient surtout pour contempler les célèbres moais, ces immenses statues au sujet desquelles toutes les théories ont été faites : certains veulent qu’une race extraterrestre en soit à l’origine, tandis que d’autres préfèrent penser qu’il s’agit des vestiges d’une ancienne civilisation atlante. Malgré ce que l’on entend encore parfois à leur sujet, notamment à travers des médias qui ont à cœur de prolonger le mythe, on sait désormais à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur les moais et sur l’Île de Pâques en général. Seule l’origine de son peuplement n’est pas encore connue, mais, bien sûr, là aussi les hypothèses vont bon train…
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Le culte des moais
Ainsi donc, l’Île de Pâques est connue pour être la terre des moais ; mais que sont les moais exactement ? Il s’agit en réalité de statues représentant les ancêtres des divers clans qui vécurent sur l’île. Leurs longs ongles, sculptés sur leur ventre, rappellent ceux des chefs de tribus, qui se les laissaient pousser pour signifier qu’ils ne se livraient à aucune activité indigne de leur rang, telle la pêche, par exemple. Dressés sur des plateformes appelées Ahu, les moais avaient donc la tâche de veiller et de protéger leurs clans respectifs.
Le Ahu le plus impressionnant est sans aucun doute le Ahu Tongariki. Et pour cause : la plateforme, qui s’étire sur 200 mètres de longueur et en mesure 3 de hauteur, ne supporte pas moins de 15 magnifiques moais ayant échappé aux guerres intertribales… mais malheureusement pas à un violent tsunami survenu en 1960. Nous devons aujourd’hui leur restauration au financement d’une société japonaise.
Lors de la mise en place du moai sur l’Ahu, la pose de ses yeux était le moment le plus important, l’instant qui conférait à l’ancêtre représenté son « mana », c’est-à-dire son pouvoir spirituel. Voilà pourquoi, lorsque les anciens clans pascuans entrèrent en guerre à cause d’une pénurie de bois qui empêcha notamment la construction des bateaux et des maisons, chaque tribu se mit à renverser les statues des autres en prenant d’abord soin de leur briser les yeux, afin de les vider de leur pouvoir protecteur. Ceci explique que nous ayons retrouvé fort peu d’yeux ; l’un d’eux se trouve exposé au musée Sebastian Englert sur les hauteurs de Hanga Roa (seule ville de l’île avec ses 5’000 habitants).
Le moai de l’Ahu To Ko Te Riku est le seul moai de l’Île à avoir retrouvé ses yeux d’origine : ceux-ci ont été replacés de manière symbolique lorsque l’Île de Pâques est entrée dans la liste des sites classés au patrimoine mondial par l’Unesco.
Vous remarquerez aussi que les moais tournent systématiquement le dos à la mer. Ils regardent en effet vers l’intérieur de l’île, toujours pour la même raison : veiller sur leur clan.
Situé à l’intérieur des terres, l’Ahu Akivi est toutefois une exception à cette règle. Ces moais sont en effet les seuls à être tournés vers la mer et ceci, pense-t-on, pour une raison bien précise : ils représenteraient les envoyés du roi légendaire de Rapa Nui, Hotu Matu’a, qui furent les premiers hommes à fouler le sol de l’île. Ceux-ci seraient arrivés d’une terre lointaine qu’ils continuent de contempler aujourd’hui encore…
L’histoire de l’Île de Pâques fut particulièrement mouvementée. Suite aux guerres évoquées plus haut, la situation dégénéra jusqu’à ce que le culte des moais prenne fin, remplacé par un tout autre, celui de l’homme-oiseau.
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Secrets de fabrication
L’une des questions à avoir vu naître le plus grand nombre de théories, aussi scientifiques pour certaines que farfelues pour d’autres, a été celle de la fabrication des moais. Pour comprendre cette dernière, il faut se rendre sur le site de Rano Raraku, du nom du volcan contre le flanc duquel s’étend la carrière principale de l’île. C’est ici que presque tous les moais ont été sculptés, directement dans la roche.
On imagine difficilement comment ces statues incroyablement lourdes ont pu être transportées d’ici aux nombreux Ahu qui bordent les plages pascuanes… Certains pensent que des rondins de bois étaient simplement utilisés pour former une sorte de chemin sur lequel le moai pouvait glisser plus ou moins aisément – l’usage d’une telle quantité de bois pourrait par ailleurs expliquer la pénurie qui mena aux guerres intertribales. Pour d’autres, les moais étaient transportés debout, attachés à des cordes qui, tirées, leur permettaient d’osciller de gauche à droite un peu comme s’ils marchaient, ce qui aurait inspiré une légende connue, celle du « moai qui marche ».
Dans la carrière de Rano Raraku, il est encore possible d’admirer aujourd’hui près de 400 moais (397 pour être exacte) à différents stades de leur élaboration : certains sont encore encastrés dans la roche, d’autres ont été brisés lors de l’extraction ou du transport, d’autres encore ont simplement été abandonnés, laissés sur place quand leur culte a pris fin.
Une autre carrière mérite elle aussi qu’on parle d’elle, celle d’où l’on extrayait les pukao, ces coiffes rouges qui devaient s’apparenter soit à une couronne, soit à un chignon.
Les pukao étaient fabriqués à Puna Pau, une carrière de scorie rouge (une matière volcanique) située à l’intérieur des terres ; pensez que les moais, en dehors de l’Ahu Akivi, étaient dressés en bordure de l’océan et imaginez là encore le travail que cela nécessitait de sortir ces pukao de la carrière et de les transporter jusqu’en bord de mer. Surtout en tenant compte de leur poids approchant les dix tonnes !
Concernant leur pose sur la tête des moais, il existe deux écoles : ceux qui pensent que le pukao était déposé avant que le moai ne soit redressé et ceux qui croient plutôt que le couvre-chef était placé une fois la statue en place sur l’Ahu, ce qui reste moins probable, en raison du poids du pukao.
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Quelques « célébrités »
Non loin de l’Ahu Tongariki se dresse un moai isolé, surnommé “le Voyageur” pour avoir été exposé au Japon avant de retourner à Rapa Nui.
Le long de la baie de Hanga Ho’onu se dresse, ou plutôt se dressait, l’Ahu Te Pito Kura. Seul en subsiste “Paro”, le plus grand moai achevé de l’Île (9,80m sans le pukao), malheureusement renversé et brisé.
Dans la carrière de Rano Raraku, on trouve le moai appelé “le Géant”. On comprend vite l’origine de ce nom lorsqu’on se retrouve face à cette immense statue de 21,60 mètre qui n’a jamais finie d’être dégagée mais qui reste toutefois le plus grand moai jamais sculpté. Son poids est estimé entre 160 et 180 tonnes !
Un autre moai très connu de cette même carrière est le Tukuturi. Voyez comme il diffère des autres à la fois par sa position (agenouillée – la position des rameurs sur les pirogues) et par ses traits (il porte notamment une barbe). On aurait retrouvé sur les Îles Marquises (d’où sont peut-être originaires les premiers Pascuans) des statues revêtant une apparence très semblable à celle-ci. Il se pourrait alors que ce “moai” soit l’un des plus vieux de l’Île de Pâques. Pour certains il s’agit du protecteur du volcan.
Sur la plage d’Anakena, où adorent aujourd’hui se rendre les familles pascuanes durant le week-end, se trouve l’Ahu Ature Huke et son unique moai. Celui-ci est célèbre pour avoir été le tout premier moai redressé, à l’initiative du navigateur norvégien Thor Heyerdahl, célèbre pour son expédition en radeau à travers les îles polynésiennes.
Et pour terminer, le dernier moai que j’aimerais évoquer ici est très particulier, puisqu’il s’agit du seul et unique moai féminin de l’Île de Pâques ! On peut également le voir au Musée Sebastian Englert, dont il est sans conteste la pièce maîtresse.
Pour conclure cet article, sachez qu’il n’y a pas que des moais à admirer sur l’Île de Pâques, loin de là. A l’ouest, le site enchanteur du volcan Rano-Kau et ses environs étaient entièrement dédiés au tardif culte de l’homme-oiseau. A l’est, une pierre magnétique lisse et chaude représente, pour les Pascuans, le nombril du monde. Plus près de la ville, les vestiges de l’Ahu Vinapu témoignent d’une présence inca sur l’île. Bref, Rapa Nui a beaucoup à offrir.
Coucou, j’ai vraiment adoré lire cet article ! Moi qui ne suis pas trop dans ce domaine, j’ai pris du plaisir à la découverte ici.
Hello ! J’ai appris pas mal de trucs en lisant, merci pour cet article ♥
Bonsoir !
Très intéressant cet article, il m’a appris beaucoup de choses sur cette île que je connais très peu ! Merci ! ^^
Merci beaucoup pour cet article, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire, à découvrir plein de choses que je ne savais pas. ça m’a donné envie d’aller visiter cette île (ou plutôt ces îles) mythique ! ^^
Coucou!
J’ai adoré l’article, ça me donne envie d’aller voir ce paysage en vrai! J’ai une petite question : comment as-tu fais pour savoir le nom de toutes les statues? O.O Il y a des panneau ou quelque chose du genre?
Merci pour cette belle promenade sur l’île de Pâques. Un bel article bien écrit. Bravo ! ^^
Merci pour vos agréables commentaires. Tempête, pour répondre à ta question je n’ai pas souvenir qu’il y ait eu des panneaux mais avec un bon guide de voyage (sans citer de “marque”) on a déjà une bonne dose d’informations. Et les dernières lacunes se comblent grâce à internet ^^
Vous aviez un guide? Ce doit être vraiment génial :3 Ils parlent quels langues sur ces îles (anglais?) Sinon, y a-t-il encore du bois sur cette île? 😀
ça me rappelle un très bon documentaire qui est passé à la TV.
Ils expliquaient également comment ils devaient transporter
les statues etc : j’avais beaucoup aimé ♥
Je parlais plutôt d’un guide papier (bouquin), mais on peut sûrement trouver facilement un accompagnateur aussi. L’Île de Pâques appartenant au Chili, la langue officielle est l’espagnol. Avec la proximité de la Polynésie française, le français est normalement bien compris, voire couramment parlé.
Moi qui ne voyage pas, j’ai voyagé grâce à ton article ^^ ! Très intéressant, & j’adore tes photos ♥